P e r s o n n e n e s a i t.

_ Debout.
_ Mmmh.
_ Emmaaaaaa debout !
_ Mmmmmmmmh !!

Harry me tira par un bras et je rabattis les couvertures sur ma tête.

_ Laisse moi dormir Harry !
_ Il est midi, t'as assez dormi comme ça
_ Mais je suis creuvée !
_ C'est sur qu'après notre nuit de folie dans ce lit...
_ N'importe quoi, dis-je en lui lançant un oreiller sur la tête.
_ Je vais devoir employer la méthode forte, tu ne me laisses pas le choix...

Il me sauta dessus et me chatouilla. Le truc c'est que je suis ultra sensible à n'importe quoi lorsque il s'agit de ma peau. Si ce sont des caresses, ça va me rendre toute chose, si c'est une brûlure ça va vraiment me faire très mal, si ce sont des chatouilles... ça va me rendre hystérique.

_ J...je me lè-ève a-a-arrête ! me tortillais-je en rigolant,
_ Supplie moi
_ V-va t-t-te faire f-fou...

Il intensifia les guilis au niveau des côtés du ventre, là où c'est bien sensible.

_ S'il te p-p-plait, je t'en su-supplie !
_ J'aime mieux ça, dit-il en s'écartant, satisfait.

Je m'accrochai à ses épaules dans le but de le faire tomber -en vain- et il me porta comme un sac à patates dans l'escalier. Je criais, lui ordonnant de me lacher mais il n'en était pas question pour lui. Je battais des pieds et des mains et il me passa à Liam, comme un cadeau empoisoné.

_ Eh bah dis donc, vous vous levez enfin ! On commençait à se demander si tout allait bien, dit Liam, en me posant délicatement au sol.

Je fusillai du regard Harry qui se servait un verre de jus d'orange, le regard malicieux.

_ Tout allait très bien avant qu'Harry me réveille, dis-je, boudant.
_ Il est peut-être temps d'émerger du lit un jour dit Zayn en me faisant une accolade.
_ Le plus tard est le mieux
_ ... ou pas, dit Niall en me claquant un bisou sur la joue.

Renfrognée, je me servis du lait dans un bol et m'installa devant la télévision.

_ A plus !
_ Comment ça, dis-je en me relevant
_ On va faire un tour en ville, on a envie de voir des jolies filles
_ Eh !
_ Des jolies filles accessibles, rajouta Zayn avec un sourire. Bises !

Ils claquèrent la porte et j'entendis les pneus de la voiture des parents de Harry crisser. Je me rasseyai dans le canapé. Bon, j'avais toute la matinée, seule. Il fallait que j'en profite. Prenant mon temps, je finis mon bol puis appelai Carl. J'avais envie de lui parler. C'était mon petit ami après tout.

_ Allo ?
_ C'est dingue ça, t'es toujours réveillé quand je t'appelle !
_ Normal Emma, il est 13h.
_ Tu vas bien Piettering ?
_ Tu me manques... J'ai hâte d'être à samedi, une soirée rien que toi et moi.
_ Juste nous deux, j'ai hâte aussi... Qu'est ce que tu fais, demandais-je en mettant mon bol dans le lave vaisselle.
_ J'suis dans une boîte de strip-tease et je dépense tout l'argent de mes études en nature et alcool
_ D'accord, tu t'amuses bien ?
_ Comme un petit fou
_ Et sinon sérieusement, tu fais quoi ?
_ Je déjeune avec Swann

Oh.

_ Ah, passe lui le bonjour de ma part...
_ ... non non, attend je te la passe !

Mauvaise idée, Swann est plus bavarde qu'une pie...

_ Emma ?! Alors, comment ça va ? Tu t'amuses bien avec les garçons ? J'espère que tu fais pas trop de bêtises, je te connais hein, dit-elle avec un ton entendu.

Deux claques ? Mon copain est juste devant toi idiote ! Et puis, c'est totalement faux.

_ ... et puis il faut dire que tous ces garçons sont si sexy ! Dire que je sors avec l'un des membres du prochain boyband le plus plébicité de l'Angleterre, s'extasia-t-elle.
_ Le prochain groupe Swann, parce qu'il y a moi dedans et donc ce n'est pas un boyband. Ensuite rien n'est garantie qu'on aille jusqu'aux primes. Et si tu pouvais éviter de dire tout ça devant Carl, tu serais mignonne, je te rappelle qu'il est...
_ ... Non, il est pas du genre jaloux, je le connais depuis plus longtemps que toi petite !

Je sentais que je commençais à me crisper. Surtout, se calmer et aller sur un terrain moins périlleux.

_ Sinon, comment se passe ta préparation pour la maison des juges ? Tu sais ce que tu vas chanter, tu répètes ?
_ Je vais chanter Impossible de Shontelle. Carl m'aide beaucoup à découper le texte et il me fait répéter. Il m'est d'une aide précieuse tu sais, il est tellement attentif à tout ce que je dis, c'est dingue !

Pas jalouse. Non, surtout, ne pas imaginer Swann se prendre une buche dans la tronche.

_ Ah oui, dis-je d'un ton faussement joyeux. Super. Tu penses que ce sera qui le juge de votre catégorie ?
_ Simon ! Ça ne peut pas être Dannii vu qu'elle a eu cette catégorie l'année dernière donc statistiquement, qu'elle l'ai deux ans de suite c'est impossible. Simon ou Cheryl. Et toi, tu penses avoir qui ?
_ Surement Louis Walsh ou Simon aussi. Je vois mal Cheryl, dis-je en rigolant.
_ Passionant me coupa-t-elle je dois raccrocher, notre dessert arrive, une fondue au chocolat pour deux. Bisous !
_ Attends, tu peux me repasser Car...
_ Tuut-tuuut-tuut...

Saloperie. Swann savait être une vraie garce quand elle le voulait. Elle était morte de jalousie que je passe une semaine avec son amoureux, surtout après la conversation qu'on avait eu dans les toilettes lors du Bootcamp.
D'ailleurs, en réfléchissant, c'est lorsque j'ai dis à Liam que j'avais un petit ami que Swann et lui se sont mis ensemble. Et je suis loin d'être bête, il était triste que je l'ai laissé se faire des idées en ce qui concernait notre "relation" raison pour laquelle il avait été aussi cassant le premier jour de cette semaine. Et je pense qu'il avait été blessé que je ne réagisse pas à ses baisers avec Swann dimanche soir, au bar. Sa relation avec elle est tellement... bizarre. Tout c'est passé si vite ! Bon, je ne peux pas vraiment juger vu que Carl et moi au bout d'une semaine on était ensemble. Bref, peut-être suis-je trop narcissique et prétentieuse pour croire que tous ces changements sont survenus à cause moi mais, je n'ai pas rêvé, quand on s'est retrouvés tous les deux dans le public, au bootcamp, je n'ai pas inventé les sous-entendus. Il a bien dit que quelqu'un l'empêchait de sortir avec Swann, et il faudrait être aveugle pour ne pas avoir vu à quel point ses yeux étaient intenses en me regardant. Je suis un peu mal à l'aise avec ça. J'ai l'impression d'avoir la grosse tête avec cette histoire, si ça se trouve je me trompe sur toute la ligne mais, son comportement me donne raison. Heureusement, il a changé et est redevenu le gentleman des premiers jours donc je pense qu'une discution entre nous à ce sujet est exclue, ça serait trop... inutile de parler de ça.

Bref, Swann est vraiment trop jalouse et me le fait payer en passant exagérément trop de temps avec Carl. Et en me rappelant bien à quel point ils étaient proche avant que j'arrive et toujours autant après. Heureusement que je ne suis pas une fille qui cherche la merde et que je laisse du lest à Carl, mais vraiment, je ne sais pas ce qui m'empêche de lui coller une tarte dans la tronche. Non mais vous l'avez entendue ? "Il est tellement attentif à tout ce que je dis..." GNAGNAGNAGNA ! Crétine. Si je faisais moitié moins de choses avec Liam qu'elle en fait avec Carl, elle me piquerait une crise en disant que j'essaie de lui prendre son copain ! Elle m'avait confié par sms qu'elle pensait qu'il était le garçon. Après une soirée passée ensemble... Pathétique.

Okais, je suis très mauvais juge en la matière, vu que je suis en couple avec Carl depuis à peu près deux mois. Carl a été au bon endroit au bon moment. Je lui dois tout à vrai dire. Sans lui, je ne serais pas ici en train de prendre un bain dans le bungalow du beau père de Harry Styles, au sein du groupe One Direction se préparant pour la maison des juges afin de devenir un des candidats de l'émission Xfactor ! Ouais, ça fait beaucoup de choses. J'ai l'impression d'aller mieux. Enfin, j'en donne l'illusion du moins.
Non, c'est pas vrai, je vais beaucoup mieux. J'ai repris goût à la vie, j'ai envie de la vivre et d'en profiter. Le passé est le passé -c'est ce qu'on dit- il nous crée et nous fais devenir ce que nous sommes, nous façonne. Sans ces éléments, je ne serais pas ce que je suis aujourd'hui et une part de moi remercie le ciel de ce qui m'est arrivé. Même si la perte est inestimable et que rien ne pourra rattraper ce que j'ai fais par le passé, je suis devenue quelqu'un d'autre aujourd'hui et cette personne me convient mieux. J'ai payé le fruit de mes erreurs, d'une certaine manière, c'est "bien fait" pour moi.

Je baissai mon regard, triste. Je cassai les bulles de mon bain avec mes mains, essayant de comprendre tous les changements qui s'opéraient en moi. Pourquoi avais-je autant de chance d'être ici ? Pourquoi moi et pas une autre ? Je ne méritais pas tout ça. Les épreuves que j'avais vécues avaient été une sorte de punition, pourquoi avais-je droit au bonheur maintenant ?
Je soupirai.

« Tu penses trop Emma. »

Je sortis un pied, timidement du bain. Le carrelage était glacé. J'enfilai ma petite culotte et mon soutien groge noir assortis et descendis au rez-de-chaussé. De toute manière, j'étais seule, je pouvais faire ce que je voulais. Je pouvais même marcher nue ! Mmh, peut-être pas tout de même.

J'allumai la télévision et un air de Kiss de Prince réveilla toute la maison. Je mis le son à fond, laissant la mélodie exotique m'envahir. Il n'y avais bien que Prince pour faire ce genre de chansons, et que Glee pour aussi bien les reprendre ! Le nombre de fois que j'avais dansé avec Swann sur ce son depuis mon arrivée à Londres ! Même si elle s'avérait être une personne à double personnalité, il y avait une part d'elle adorable et lorsque j'écoutais cette chanson, c'était cette part d'elle qui ressortait. Je rigolai, éxecutant les mouvements ridicules avec les hanches que l'on faisait lorsque nous étions seule, je m'éclatais.

_ You just leave it all up to me
I'm gonna show you what it's all about uh

Je sautai sur le canapé, prenant une bière qui trainait comme micro

_You don't have to be rich
To be my girl
You don't have to be cool
To rule my world

Je modulai ma voix avec celle de Matthew Morisson

Ain't no particular sign I'm more compatible with
I just want your extra time and your...

Je mimai une guitare électrique en secouant mes cheveux

... Kiss

Avec une démarche féline, je descendis du canapé, prenant un coussin dans mes bras puis le jetant en l'air. Le monde m'appartenait quand j'écoutais cette chanson, tous mes problèmes s'envolaient. Cette musique, ce rythme ! Leur pouvoir sur moi était sans limite.

_ And we could have a good time

En effet, c'était le moment de passer un bon moment ! J'effectuais des mouvements de bassin en rythme avec la musique colorée, lançais mes cheveux en l'air avec le rythme de la guitare, me collais au meubles, faisais un peu de doogie, prenais un lampadaire comme partenaire de tango, tout ça a la fois ! J'étais le maître du monde ! Mouvements d'épaules, levais les bras claquant mes doigts, et descendais lentement vers le sol. J'me dandinais, qu'est ce que c'était bon ! Pas de regards, juste moi qui dansais avec toute la joie que je pouvais avoir au fond de moi et vous pouvez me croire, c'est assez rare de me voir aussi joyeuse. Pas une fois j'avais été toute seule depuis que j'étais arrivée à Londres, là je pouvais carrément faire ce que je voulais, tout ce que je voulais ! J'avais l'impression d'être libre comme l'air. Explosant de rire, je fis la chorégraphie improvisée lors du Bootcamp avec Harry avant de reprendre le refrain :

_ You don't have to be rich
To be my girl

Je poussai les notes avec délice

You don't have to be cool
To rule my world
Ain't no particular sign I'm more compatible with
I just want your extra time and your...

Je me retournai pour dire le dernier mot de la chanson mais me retrouva nez à nez avec...

_...Harry ?!!

Oh.Mon.Dieu. La musique sembla s'évanouir. 

_ Ravissante tenue, dit-il en esquissant un de ses sourires coquins à la con.

Putain de merde.
Il me donna gentiment son sweet que j'enfilai avec hâte -plus confuse tu meurs- tandis que mes joues s'appliquaient à se colorer d'un rouge soutenu. Affreusement gênée, je me passais une main dans les cheveux, avec un air d'excuse tandis qu'il continuait de me regarder ses yeux pétillant de malice. Je ne pense pas qu'il était aussi mal à l'aise que moi -il avait tout l'air du contraire d'ailleurs- mais j'imagine que comme ma stupide personne, il ne savais pas quoi dire. Mais il brisa finalement le silence

_ Dis moi, si ça deviens une habitude il faudra que tu me préviennes que je prenne une vidéo parce que aucun des autres gars ne va me croire quand je vais leur raconter ça !
_ Je nierais avec force et ta parole contre la mienne, tu perds mon cher.
_ Qui te dis que je n'ai pas déjà pris une vidéo, dit-il en soulevant un sourcil, ses yeux pétillant de malice

Je perdis immédiatement mon ton de négociatrice sur d'elle.

_ Pitié me dis pas que t'as osé faire ça !

Il explosa de rire et mon montra avec son Iphone la quarantaine de secondes qu'il avais prise avec son portable. Enfin, il me montra juste les cinq secondes nécéssaires pour que je lui saute dessus et que je lui arrache l'appareil des mains avant de m'enfuir dans le jardin, pieds et jambes nues (eh oui, le sweat n'est pas très long) pour sauver mon honneur. Je continuais à sprinter, l'entendant arriver derrière moi et finis par réussir à supprimer la vidéo avec un soupir de soulagement. Mais Harry ne semblait pas vouloir se contenter de ça puisqu'il me fit un croche patte. J'attéris avec douceur sur le sol -trop gentil, il m'avait récupéré durant me chute- et il se mit à me chatouiller avec véhémence pour me punir.

_ T-tu t'a-aaah! rrêtes jam-mais c'est di-ingue ça ! dis-je en me tordant dans tous les sens sous ses chatouilles.
_ C'est si bon ! Et puis tu le mérites mauvaise fille !

Il cessa un instant, le temps que je reprenne mon souffle

_ Je me plaindrais aux autres garçons dis-je en me frotant mes côtes, douloureuses à force de rire.
_ Fais, fais, la sentence sera encore plus horrible !
_ Voilà que tu joues la carte des menaces, je pensais pas ça de toi Styles.
_ Et que pensais-tu de moi ? demanda-t-il sérieux et très curieux tout à coup.

Que pensais-je d'Harry ? Je pensais que c'était surement le garçon le plus adorable de la terre, c'était clairement celui avec qui j'avais le plus rigolé. On était vraiment sur la même longueur d'ondes tous les deux. Parfois les situations étaient un peu ambigues et j'avais un peu peur qu'on dépasse les bornes mais, il restait raisonnable et donc moi aussi, comme là par exemple. Je pensais que c'était aussi le garçon le plus reconnaissant de la maison et en ce moment, il était celui dont j'étais le plus proche. Il était plein de surprises (hier soir, par exemple) et j'aimais la façon qu'il avait de parler au second degré.

_ Je t'aime bien parce qu'on a tous les deux les cheveux bouclés.

Il ricana.

_ Curl Power ! m'exclamais-je.

Là, nous explosâmes de rire tous les deux.

_ Bon, qu'est ce que t'en dis si tu allais t'habiller et qu'on se fasse un film en attendant le retour des garçons ?
_ Partis comme ils sont, on en a pour toute la journée hein.
_ Comme si tu ne rêvais pas de te blottir contre moi toute l'après-midi devant un film...

Je lui balançais son sweet à la tête et couru monter dans ma chambre, rigolant toujours.

_ Tu rêves Styles ! criais-je de la chambre de ses parents où je venais de sortir de ma valise un pull.

Je revins au salon tandis qu'il mettait un DVD dans le lecteur. Il mit play et je posai ma tête sur ses cuisses, relevant mes jambes sur l'accoudoir du canapé, fatiguée par tous ces efforts -haha-

_ Comme quoi, mes rêves deviennent réalité, souffla-t-il, moqueur.
_ Tais toi un peu, j'écoute répondis-je, vexée.

On resta comme ça une heure, deux heures, je ne sais pas mais, longtemps, sans parler. On regardait Shrek, attentioné il avait mit les sous-titres en français. Ça me faisait une pause dans l'apprentissage de la langue parce que mine de rien, toujours puiser dans ses réserves mentales pour tenir une conversation, ça fatigue. Je commençais à m'endormir -Harry était confortable- lorsque on entendit une clé se tourner dans la serrure et les quatre garçons rentrer bruyament dans la maison. Niall et Liam étaient d'ailleurs particulièrement surexcités et ils vinrent nous sauter dessus avant qu'on ai eu le temps de se lever pour leur redire bonjour.

_ Vous faites quoi ? dit Niall et s'installant à côté de moi, virant mes jambes pour s'assoir. Je répondis en soupirant,
_ On regardait Shrek.
_ Pourquoi y a des trucs écris en dessous ?
_ Ceci mon cher Liam, ça s'appelle des sous-titres et ils sont en français parce que je te le rappelle, je suis...
_ ...tu es Française, oui, je sais.
_ T'as juste tendance à l'oublier tout le temps, dis-je en me blotissant contre Niall.
_ Ça c'est parce que tu t'exprimes super bien. T'as presque moins d'accent que Niall notre irlandais national.

Le blond donna une petite tape à l'arrière de la tête de Liam. Il allait répliquer lorsque Louis vint s'allonger sur toutes nos jambes sous nos protestations. J'avais de la chance, je n'avais que ses mollets sur moi mais le pauvre Harry lui avait les fesses. Le petit canapé était blindé de tous les côtés et je décidai de me lever sous les nouvelles protestations des gars parce que ça birsait l"'équilibre" (haha). J'allai à la cuisine ; de toute manière on devait bien manger un jour et si ça pouvait se faire bientôt, ça serait encore mieux, faut rappeler que cinq garçons ça mange et je dirais même que ça mange souvent ! J'ouvris le frigo et constata avec surprise qu'il avait été rempli : les garçons étaient allés faire des courses aussi. Je pris quelques oeufs, du lait, un peu de farine et fouetta le tout dans un saladier. J'avais commencé à couper des courgettes en dés lorsque Zayn vint me rejoindre.

_ Besoin d'aide ?
_ J'aprécierais oui, dis-je reconnaissante.

En silence il s'installa en face de moi et coupa des carottes en rondelles tandis que j'avais commencé les poivrons.

_ Tu nous fais quoi au fait ?
_ Quoi, si c'est mauvais tu arrêtes de m'aider ?
_ Quelle agressivité ! répliqua-t-il moqueur. Non, je m'intéresse à ta cuisine, parce qu'elle est bonne c'est tout.
_ Merci.
_ La cuisine française...

Il avait l'air rêveur tout d'un coup.

_ Je pensais que les garçons se satisfaisaient d'une pizza.
_ Ça ne veut pas dire qu'on apprécie pas les vraies bonnes choses
_ La cuisine de maman ?
_ Exactement, dit-il en mettant tous les légumes dans un plat.

Je versai la mixture que j'avais faite quelques minutes plus tôt par dessus, rajoutai du fromage pour que ça gratine et enfournai le tout pour une durée de 20 minutes.
Durant ce laps de temps, je décidai de monter à la salle de bain. Il fallait que je trouve une pince à épiler plus précise que la mienne pour enlever toutes les échardes que je m'étais mises dans les mains durant le sauvetage d'Harry hier. Elles étaient très douloureuses et m'avaient fait assez mal durant l'étape cuisine.
En farfouillant dans les tiroirs de la salle de bain d'Harry et Gemma, j'y trouvais une vieille photo d'eux. Ils étaient petits, une dizaine d'années pour Harry et une douzaine pour Gemma, étaient à la plage sur leur serviettes respectives en train de manger un pain au chocolat. Je me concentrai plus sur la bouille d'Harry que sur celle de sa soeur. Il avait déjà un regard malicieux avec ses grands yeux bleus-verts. Les cheveux trop courts pour être aussi bouclés que maintenant, il était néanmoins adorablement mignon et devait déjà briser pas mal de coeurs.

_ Emma ?

Oups !
Je sursautais violement, laissant tomber la photo par terre. Louis m'aida à la ramasser en détaillant aussi les visages des deux enfants en silence, sous mon regard gêné.

_ Tu faisais quoi ?
_ Je cherchais une pince à épiler pour enlever les épines dans mes mains, ça me fait mal, dis-je en montrant mes paumes toutes égratinées.
_ La vache, t'en a un paquet.
_ Oui, je souffre beaucoup, soufflais-je en jouant la martyre.

En dix seconde, il trouva la pince que j'avais cherché cinq minutes et s'agenouilla devant moi tandis que je m'asseyais sur le rebord de la baignoire. Sous mes petits sursauts de douleur, il m'enleva une à une toutes les échardes.

_ Tu sais que tu nous as pas mal impressionés hier ?
_ Qu'est-ce que tu veux dire, dis-je en grimaçant tandis qu'il m'avait attrapé un morceau de peau au lieu de l'épine.
_ -Désolé- eh bien, t'as été pas mal courageuse pour sauter dans le trou comme ça et tout, pour sauver Harry lui faire la courte échelle, tout ça...
_ Vous auriez fait la même chose pour moi non ?
_ Oui mais toi t'es une fille

Je levai les yeux au ciel, en souriant.

_ J'ai toujours eu beaucoup d'amis garçons... Aïe !
_ C'était la dernière dit-il en s'asseyant à côté de moi, sur la baignoire. Tu disais ?
_ J'ai toujours eu beaucoup d'amis garçons, j'étais la chanteuse d'un groupe de musique masculin. Ils étaient quatre gars, on passait tout notre temps libre ensemble. J'ai jamais eu de frères alors je me suis toujours sentie très proche d'eux, pour combler le vide. Comme on était toujours fourrés ensemble, j'ai développé ma personnalité et je me suis habituée à ce que tous les garçons pouvaient faire quand ils étaient seuls, se mettre dans des situations complètement folles et les sortir de là par exemple, dis-je en frottant mes mains douloureuses.
_ Je ne t'ai jamais vu leur envoyer de sms ou discuter avec eux sur Facebook
_ J'ai... un peu perdu contact avec mes amis français, souflais-je, mes yeux picotants. Bon, je vais aller vérifier le plat, ça doit quasiment être prêt là...

Je me levai comme si j'étais montée sur ressort et passa le cadran de la porte. Je sentis sa main me prendre le poignet, me forçant à le regarder.

_ Pourquoi avoir perdu contact avec eux ? insista-t-il, soudain sérieux. Il avait remarqué que je fuyais le sujet.
_ Je-vais-aller-vérifier-le-plat, répétais-je en me dégageant de son étreinte. Je battis violement des paupières pour empêcher les larmes de couler et d'allerter les autres. J'essuyais les quelques-unes qui avaient roulé sur mes joues en descendant l'escalier, sans être suivie par Louis.

_ A table !
_ Ouais chouette !
_ Ça sent bon !
_ C'est quoi ?
_ Je crève la dalle !

Les garçons s'installèrent autour de la table avant que j'eu posé le plat dessus, ce qui m'arracha un sourire. La nourriture chez les gars, la plus belle histoire d'amour de tous les temps ! Ils n'avaient pas remarqué mes yeux légèrement rougis, trop occupés à savourer le gratin de légumes.

_ Mmmmh ! Emma, je sais pas comment tu fais mais...
_ Ouais trop ! En plus des légumes, ça fait du bien !
_ C'est carrément meilleur qu'une pizza ou qu'un Mc Do
_ Grave !

Je souriais à tous leurs compliments qui m'allaient droit au coeur. Seul Louis restait silencieux et me fixait intensément, ce qui je ne le cache pas, me mettais vraiment mal à l'aise.

_ Au fait, dit Niall en râclant son assiette, tout le monde sort ce soir.
_ Où est-ce qu'on va ?
_ En boîte ! On a rencontré des jolies filles...
_ ...accessibles finis-je en ricanant

Il me tira la langue.

_ Des jolies filles, on a sympathisé et nous avons donc tous rendez-vous à la discothèque du village de notre bouclé préféré ! termina Zayn en frictionnant les cheveux d'Harry tandis qu'il faisait le tour de la table pour ramasser nos assiettes vides.
_ A quelle heure ?

Eh oui, il fallait que je sache si j'avais le temps de me préparer.

_ Maaaaais, t'aura le temps Emma, dit Niall, lisant une fois de plus dans mes pensées.
_ T'as un don toi, c'est dingue !

Il rigola. Pendant que les garçons débarassaient en se balançant les assiettes à la chaîne (ça me stressait j'avais peur qu'ils les fassent tomber) je sortis fumer ma cigarette. Il faisait chaud dehors, ça avait été une belle journée, dommage que je n'en ai pas vraiment profité. J'entendis la fenête coulisser derrière moi et devinai que c'était Louis. Il s'assit à côté de moi en silence, alluma sa clope et tira une bouffée.

_ On va en reparler ?
_ Non, répondis-je doucement.
_ Ça fait donc parti du reste de tout ce que tu caches ?

Même si je ne le montrai pas, je fus surprise de sa remarque. Comment savait-il que je cachais des choses ? D'accord, tout le monde était au courant pour le Bootcamp (et d'ailleurs, ils avaient tous été très gentleman et n'avaient rien demandé à ce sujet après) mais on pouvait interprêter ça comme une forte émotion qui pouvait être liée à n'importe quoi, au stress par exemple. Ça ne justifiait pas que je cache des choses.

_ Je considère ton silence par un oui.
_ Je vois pas en quoi ça t'intéresse ce que je "cache" ou pas, Louis.
_ En quoi ça m'intéresse, répéta-t-il, ahuri. Emma, ça te reviens ton Bootcamp ? Ça te reviens notre conversation après ? Ça te reviens la première nuit que tu as passé ici ? On a eu tellement peur qu'on a failli appeler les pompiers ! Et tu te demandes pourquoi ça m'intéresse l'état dans lequel tu es ?
_ Non mais tu t'entends ? dis-je, perdant soudainement patience. " l'état dans lequel je suis " ? On dirait que tu parles d'une folle furieuse !
_ J'ai jamais dis ça, c'est toi qui interprète mal, dit-il, haussant le ton aussi.
_ De toute manière, ça ne te concerne pas et ça ne nuira jamais au groupe. Mon passé est mon passé, il n'a pas ou peu de rapport avec le présent et là où ça avait un rapport je m'en suis chargée. Les autres ne sont pas aussi acharnés que toi Louis !
_ Ils sont aussi curieux Emma, ils ont juste la délicatesse de ne rien dire devant toi !

Génial. Donc dès que je suis seule, ils parlent de moi.
Se rendant compte de la gaffe qu'il venait de faire, Louis eut la bonne idée de se taire.

_ Bravo Louis, je me sens bien plus à l'aise maintenant, marmonais-je en me relevant.

Il me rattrapa par le poignet.

_ Il va falloir que tu arrêtes de faire ça ! criais-je en me dégageant une nouvelle fois de son étreinte.

Je fis glisser la porte fenêtre et, fulminante, entrai dans la maison silencieuse. Liam apparut.

_ Tout va bien ?
_ Tout va trèèès bien Liam, merci de demander, dis-je en l'ignorant et en montant les escaliers.
_ Laisse moi douter du contraire dit-il en montant derrière moi.
_ Je te laisse douter, je te laisse ce que tu veux si toi tu me laisses tranquille !

Son visage se ferma et il leva les mains, signe qu'il acceptait mais je voyais bien qu'il était vexé. Je claquai la porte derrière moi et sortit de ma valise un T-shirt, un jean et des chaussures ouvertes. J'enlevai ce que je portais, balançant mes fringues à l'autre bout de la pièce, plus qu'énervée.

Non mais pour qui se prenait Louis ? Quand les gens n'ont pas envie de parler de quelque chose, on ne les force pas ! Mon passé c'est du passé, à quoi ça sert de revenir dessus ? Je vois pas l'interêt de remuer le couteau dans la plaie, surtout si c'est pour satisfaire sa putain de curiosité.

Je me mordis la lèvre.

Non mais quelle idiote ! Pourquoi lui avoir raconté ça sur mon ancien groupe, je lui ai donné envie d'en savoir plus, comme si je l'avais appaté. C'est de ma faute, mais il ne devait pas savoir, personne ne devrait savoir. C'était un fardeau que je dois porter seule. Ce que j'ai vécu ne doit pas venir obscurcir ma vie ici, le but c'est de tout recommencer à zéro. Nouvelle langue, nouveau pays, nouveaux gens, nouvelle vocation, nouveaux amis...

_ Toc toc toc ?

Louis passa le cadran de la porte, lentement, comme s'il s'attendait à ce que je lui hurle de sortir. Ce que je ne fis pas.

_ Je voulais...
_ Tout d'abord...

Nous nous tûmes, gênés. On avait parlé en même temps.

_ Vas-y
_ Non non, je t'en prie dit-il.
_ Je euh...

Je m'assis sur le lit, le considérant avant de dire :

_ Je m'excuse.

Il ouvrit ses yeux, croyant avoir mal entendu.

_ Tu quoi ? dit-il, toujours aussi ahuri de ma phrase.
_ Je suis désolée, je n'aurais jamais du te parler comme ça.
_ T'es plutôt exceptionelle comme fille Emma, dit-il, en se passant une main dans les cheveux, visblement assez chamboullé.
_ Pardon ?
_ Je m'introduis dans ton passé pour essayer de soutirer des infos dont tu as visblement pas envie de parler, puisque à chaque fois qu'on évoque la France tu as les larmes aux yeux et que tu te fermes. J'insiste, j'appuie sur la corde sensible jusqu'à te faire péter les plombs et toi, tu t'excuses.

Je souris, baissant les yeux.
Il s'assit a côté de moi et je sentis son bras entourer mes épaules et me serrer contre lui. Je me laissai aller contre son torse, et nous basculâmes en arrière sur le lit, silencieux. On aurait pû s'endormir comme ça si nous n'avions pas prévu de sortir après. Ma tête se levait et se baissait au rythme de sa respiration, il sentait bon, j'étais bien. Il me caressait doucement les cheveux, en chantonnant un air. Ma main se perdit dans la sienne, qu'il serra fort contre son coeur. Depuis ces longs mois, je n'avais jamais été aussi détendue, même avec Carl. Louis avait un aura qui agissait sur moi comme un anti-dépresseur, c'était... troublant.

_ C'est moi qui m'excuse, dit-il, après plusieurs longues minutes de silence.
_ On efface?
_ On efface.

Je souris.

_ Attention, j'ouvre !

D'un bon, je me relevai précipitamment, comme une fautive tandis qu'Harry venait récupérer le T-shirt qu'il avait laissé hier soir, lorsque nous avions dormi ensemble. Louis était visiblement gêné et le silence dans la pièce était pesant tandis que le bouclé cherchait son haut. Pourtant, nous n'avions rien fait de mal.

_ Je vais aller me maquiller, j'en ai pour 5 minutes dis-je en prenant ma trousse dans ma valise et en m'engoufrant dans la salle de bain, m'enfermant à clé.

Je mis mes deux bras sur l'évier, essayant de calmer les battements désordonés de mon coeur. Pourquoi est-ce que je réagissais comme ça putain ? Ça devait être l'adrénaline, il n'y avait aucune autre explication. Parce que j'étais plus que persuadée que je ne ressentais rien pour Louis, pas plus que pour un autre garçon. J'étais amoureuse de Carl. Et pourtant, les battements désordonnés de mon coeur n'étaient pas anodins.

Je sortis un pinceau, me fit un fin trait d'eye liner noir, appliqua minutieusement mais rapidement du fard plus clair dans le coin de l'oeil et plus foncé sur les côtés extérieurs, mit un nuage de blush sur mes joues, un peu de gloss et terminai avec une bonne dose de mascara. Un peu de poudre sous mes yeux pour cacher les cernes des nuits courtes ici et, je fus prête.
Lorsque je sortis de la salle de bain, la chambre était vide à mon plus grand soulagement. Si Harry n'avait pas remarqué la tension dans la chambre, c'est qu'il ne verrait pas le nez au milieu de la figure donc, j'imagine que j'allais devoir lui expliquer quelques petits trucs. Et surtout, j'allais devoir éviter Louis parce que ce qui venait de se passer n'était pas... normal. Je ne savais pas ce que c'était, mais ça commençait à prendre de l'importance et ça, ça me faisait flipper.

Je descendis l'escalier et allai dehors, fumer une nouvelle cigarette. Liam me rejoint.

_ Je suis dé...
_ Je sais, me coupa-t-il en me prenant dans les bras.

Je fus si surprise de sa réaction que je ne réagis pas à son étreinte.

_ Louis m'a expliqué dans les grandes lignes
_ Ah.
_ Disons qu'on est quittes.
_ Si tu le dis...
_ Je peux avoir une taffe ?
_ Prend la fin, je n'en veux plus de toute manière dis-je en lui donnant la cigarette à moitié entamée.

Il tira dessus en fronçant les sourcils. Liam fumait comme ça, et ça me faisait rire. Les autres garçons nous rejoignirent vite et on enferma Zayn dans le coffre (courte paille oblige) pour pouvoir tous aller en boîte sans que quelqu'un soit resté à la maison. J'avais bien eu envie de rattraper mes heures de someil mais ils ne m'avaient pas laissé le choix et m'avaient forcé à monter dans la voiture. Et comme le destin est joueur, je me retrouvai à l'avant de la voiture, donc à côté de Louis qui était l'unique conducteur. Je remarquai qu'il était aussi distant et gêné que moi. Les garçons entamêrent une discussion animée et textotaient avec le pauvre Zayn coincé dans le coffre. Néanmoins, ni Louis ni moi ne parlait.