

C'était dans des moments pareils qu'Esther me manquait. Elle aurait été dubitative, aurait fait la moue, quand a mon comportement. Puis elle aurait haussé les épaules, m'aurait calmement expliqué que ça ne changeait rien, si je ne voulais pas que tout ceci change. Elle m'aurait prise dans ses bras, m'aurait bercé un peu, raconté quelques bêtises, beaucoup, on aurait ri et j'aurais oublié l'espace d'un instant ce que je venais de faire.
Sauf qu'Esther n'était pas là. N'était plus là. Il n'y avait que mon reflet dans le miroir. Et je ne pouvais pas oublier. Ni Carl, ni Harry, ni Liam, ni Zayn. Et le pire dans tout ça, c'est que je n'arrivais pas à regretter. Je ne regrettais pas un instant. C'est ça que je n'arrivais pas à comprendre. J'étais pourtant quelqu'un de bien, du moins, c'est ce qui me semblait mais, je n'arrivais pas à éprouver de la culpabilité.
J'étais déçue de ma propre réaction.
Au fond de moi, je savais que ce que j'avais fais était mal. Je m'étais précipitée dans les bras d'Harry. J'avais embrassé Liam, de mon plein gré. Et je m'étais laissée embrasser par Zayn. J'étais une moins que rien. Mon regret était de faire souffrir Harry.
_ Em, tu vas passer encore combien de temps dans la salle de bain là ? Merde ! s'agaça Niall
_ Ouais, deux secondes encore.
Je me passais un coup d'eau sur le visage. Je me fichais bien de la tête que je pouvais avoir.
_ Eh ça va ? dit-il en me voyant sortir
_ Plus que jamais, mentis-je avec un sourire qui ne laissait rien présager de mes mensonges. Tu voulais me voir ?
_ Il y a tous les candidats qui se sont rassemblés en bas, apparemment on veut nous dire quelque chose.
Je le suivis dans l'escalier et me fit minuscule aux côtés de Paije.
_ Salut tout le monde, sourit Aiden. Le départ des Belles a été un choc pour nous tous et la maison est trop vide depuis. Avec l'accord de la prod, on a le droit d'organiser une fête privée ce soir. Tout le monde est tenu d'y participer, que ce soit à la soirée ou a la préparation. Comme on arrive à la moitié de l'aventure, ça peut faire du bien de se poser un peu et de souffler entre nous, sans que ce soit après un prime et puis, nous commençons à bien nous connaître et nous avons rarement l'occasion de tous manger ensemble et de partager un moment spécial donc...
_ Ta phrase était hyper longue dude, se moqua Matt
_ Je sais à quel point tu aimes quand c'est... long, Matt, répondit le blond avec un clin d'oeil coquin.
_ Par pitié, passez nous les détails de vos nuits endiablées les mecs, on sait très bien qu'il se passe des choses sous la couette quand tout le monde dort, pas besoin de faire des allusions, lança Harry
_ Maiden is real ! s'exclama Liam en faisant mine d'applaudir, se moquant.
_ Bref, on va avoir besoin d'aide pour la préparation, alors je propose que l'on fasse les même groupes que la dernière fois, pour les jeux qu'avaient organisé les Belle-Amie.
Mon coeur s'emballa. Mon duo était avec Harry.
_ Une objection ?
Je retins mon souffle. C'était le moment où jamais pour que le bouclé fasse la moindre remarque. Personne ne dit rien.
_ Bon eh bien c'est parti !
Il était dix-huit heures et le soleil était déjà couché depuis plus d'une demi heure. Tout le monde s'activait dans la maison : les gens poussaient les canapés, installaient des guirlandes, enfermaient dans une chambre tout ce qui était fragile et qui risquait d'être cassé.
J'avais été envoyée en cuisine, mes talents en la matière n'étant plus à prouver. Harry m'y attendait avec l'équipe Zayn-Liam.
Super.
Me faisant la plus petite possible, je me mis à enfoncer des cures dents dans des tomates cerises et à y piquer des boules de mozzarella. Il n'y avait pas un bruit dans la cuisine, seulement le frottement des vêtements quand quelqu'un se levait pour aller chercher quelque chose.
Liam ne parlait pas car, malgré mon aide et mon soutient, il devait faire son deuil de Swann. La solitude et le silence ne le dérangeait pas et j'étais persuadée qu'il ne faisait même pas attention à la tension qui régnait dans la salle.
Zayn cherchait désespérément mon regard et passait souvent derrière moi, comme par provocation par rapport à Harry. Les deux ne se parlaient plus non plus. Zayn en voulait au brun pour nous avoir interrompus.
Et bien sur, Harry, lui, ne me parlait plus, ni à moi et évidemment plus non plus au Pakistanais. Sa rancoeur était palpable et je me sentais stupide. C'était moi, qui essayait d'intercepter son regard, en vain. Apparemment les toasts au tarama et aux rillettes semblaient mille fois plus intéressants que moi. Et je ne pouvais pas l'en blâmer.
20 minutes dans cette ambiance, et je crus exploser. Liam fut le premier a quitter la cuisine, l'air penseur, suivit par Zayn qui semblait être trop en colère pour supporter ce cinéma une minute de plus. Il ne restait plus que Hazza et moi.
Je me sentais insignifiante -j'avais raison- et ma gorge semblait trop nouée pour que je puisse prononcer le moindre mot. Je n'aurais pas d'autres occasions pour être seule avec lui et je devais au moins essayer. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il fit tomber son couteau par terre, et nous nous accroupîmes tous les deux pour le ramasser. Nos mains se touchèrent, et chacun la retira vivement, comme brûlé. Il ramassa le couteau et s'adossa au comptoir, visiblement troublé. Il n'avait apparemment pas l'intention de partir. Du moins, c'est comme ça que je l'interprétais.
_ Tu as fini ? soufflais-je en faisant un geste vers les pots et les toasts.
Il hocha la tête, sans me lancer un regard. Je le contournais et prit les ustensiles, m'appliquant à ne pas le regarder, malgré la tentation. Je me mordis la lèvre inférieure en fermant les yeux. Il fallait que je fasse quelque chose. Que je tente au moins.
_ Tu n'as probablement pas envie de m'adresser la parole, mais je te dois au moins une explication, murmurais-je en me dirigeant vers le frigo. Je veux que tu saches que j'ai passé une nuit merveilleuse dimanche et que je ne regrette pas le moins du monde ce qui s'est passé entre nous. Tout dois te sentir trahi, c'est sûrement le cas, je ne sais pas. Je suis sincèrement désolée Harry, ça je le sais, ça j'en suis sûre. Le baiser entre Liam et moi, ce n'était que de l'amitié, ça je comptait pas. Il était tellement désespéré tu n'imagines pas, je pouvais lire tellement de souffrance dans ses yeux que je n'ai pas réfléchi et je l'ai embrassé. Mais c'est clair entre nous tu sais, nous ne nous aimons pas, nous sommes ami. C'était un baiser d'amitié, dis-je en me retournant.
Il n'y avait plus personne. Et visiblement depuis longtemps.
Je n'eus pas le temps d'y réfléchir. Louis entra dans la cuisine et s'affala sur un tabouret, les mains dans la tête. D'abord choquée, je ne réagit pas tout de suite mais au bout de quelques secondes je m'avançais vers lui et m'accroupis à sa hauteur, surprise.
_ Louis ? Louis, ça va ?
Il hocha négativement la tête. Je pouvais deviner son visage tiré en dessous de ses mains, tiraillé par une émotion qui m'était encore inconnue, mais il n'était pas difficile de deviner que la souffrance en faisait parti.
Comme je ne savais pas quoi faire, je me contentais d'enrouler mes bras autour de son dos et de pauser ma tête contre son épaule, et nous restâmes ainsi un temps, un long moment. Puis il se leva et me prit dans ses bras, enfouissant sa tête dans mon cou. Je pouvais sentir que ses joues étaient humides : il avait pleuré. Je le serrais contre moi, avant de prendre doucement sa tête entre mes mains et d'essuyer ses larmes avec mes pouces, comme il l'avait déjà fait pour moi.
_ Viens, on va prendre l'air, dis-je en l'emmenant vers l'entrée où je pris l'initiative de lui faire enfiler un sweat à capuche et une paire de chaussure.
Il se laissa docilement faire et nous sortîmes sous une température glaciale. Il semblait se calmer et on commença à marcher un peu. L'air frais lui faisait du bien, je le voyais. J'attendais, patiente. C'était la technique que j'aurais voulu qu'il « prenne » avec moi lorsque je faisais une crise, comme ça. Alors j'attendis. Dans le froid, sous la pluie. Et au bout d'une vingtaine de minute de marche, il se stoppa. Prêt. Je lui pris alors la main et la serrais doucement dans la mienne. Un rictus de peine déformait son visage, et il préféra regarder le sol, avant de souffler :
_ Hannah a rompu.
Je serrais sa main plus fort, essayant de masquer ma déception et ma peine. Je me contentais de le prendre dans mes bras et de passer ma main dans ses cheveux lisses.
_ Je ne comprends pas Em.
_ T'as-t-elle expliqué pourquoi ?
_ Elle m'a juste appelé. Elle a au moins eu la délicatesse de ne pas me larguer par texto...
Je pris le visage de Louis et le forçait à me regarder dans les yeux. Les siens étaient emplis de larmes, mais il ne pleurait pas.
_ Ça n'est pas fini Louis. Ce n'était qu'une erreur. Tout va s'arranger, je te le promet.
_ Non Emma. Je connais Hannah, si elle m'a appelé pour me le dire, c'est que c'est véritablement fini. C'est terminé...
_ Ne dis pas ça Louis ! m'exclamais-je, les larmes aux yeux face à sa détresse. Si tu n'y crois plus, c'est que ce sera terminé. Mais tu l'aimes, n'est-ce pas ? Tu y crois encore. Alors c'est que ce n'est pas terminé.
_ Ce n'est visiblement plus suffisant.
_ Elle t'aime aussi Louis. Deux personnes qui s'aiment sont faites pour être ensemble.
_ C'est pas comme ça que ça marche Em, souffla-t-il avec un sourire désolé. C'est véritablement fini.
Je le serrais de nouveau contre moi. Nouant ma main dans la sienne, je le ramenais à la maison.
J'étais surprise, et peinée. Ça me faisait un choc de voir Louis dans cet état. Il n'avait jamais été triste depuis que nous nous connaissions. Furieux, joueur, drôle, farceur, déterminé... mais pas malheureux comme ça. Jamais. Et je dois l'avouer, de toutes les fissures que j'avais vu dans les yeux de quelqu'un, celle qui m'avait fait le plus mal à regarder était celle de Louis. Sa souffrance m'oppressait et je me retournais l'esprit pour trouver comment la rendre moins douloureuse. En rentrant à la maison je su. Il monta l'escalier pour aller se terrer dans la chambre des Belles, là où il était certain que personne ne le dérangerait. Il s'assit sur le lit et laissa sa tête reposer entre ses mains, les poings serrés.
Je refermais doucement la porte en lui promettant de revenir. Il n'était pas question de prévenir tous les garçons pour le moment. Un seul suffisait et je savais qui. Je descendis au salon, parcouru la cuisine, la salle de jeux et les chambres sans succès. Je remontais et après avoir fais la chambre de Rebecca et Treyc, je toquai à celle de Katie et Cher, sans conviction. Personne ne me répondit, alors j'ouvris, pour être sûre.
Je failli étouffer. Harry était à 3cm du visage de Cher, visiblement plus complices que jamais. Ils tournèrent la tête dans ma direction, comme deux enfants que l'on venait de prendre en faute. Je sentis mes joues se colorer d'un rouge soutenu et ma température corporelle augmenter de quelques degrés. Harry me fusilla du regard, mais je restais debout, encore trop surprise pour pouvoir dire quoi que ce soit. Il finit par se lever et sortir dans le couloir, en refermant la porte derrière lui.
_ Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-il froidement
_ Je euh, je...
_ Au cas où tu n'aurais pas remarqué, je suis occupé là Emma. T'es pas prioritaire tout le temps, t'es même plus prioritaire du tout, d'ailleurs, lâcha-t-il en faisant un mouvement vers la porte, que j'arrêtais avec ma main. Sa phrase venait de me blesser, mais je l'avais amplement méritée. Je n'étais pas là pour moi. J'étais là pour Louis.
_ Hannah vient de rompre.
L'expression du bouclé changea instantanément, laissant la colère faire place à la surprise.
_ Pardon ?
_ Il y a quelques minutes. Je pense qu'il a besoin de son meilleur ami.
Il hocha la tête, et se dirigea immédiatement vers la chambre des Belles, comme s'il savait déjà où était Louis. Comme si la douleur de l'adolescent attirait Harry.
Je restais debout, indécise désormais. « T'es pas prioritaire tout le temps, t'es même plus prioritaire du tout, d'ailleurs » sa phrase avait claqué comme un coup de fouet. Et avait fait aussi mal. Je savais que je le méritais. Vraiment. J'irais même jusqu'à dire que c'était bien fait pour moi. Mais, ça faisait mal.
_ Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Cher en ouvrant la porte, apparemment agacée d'attendre le retour de Harry.
Je sursautais à nouveau.
_ Harry est parti ?
_ Oui, soufflais-je
_ Pourquoi ?
_ Pour...
_ Laisse tomber, ça n'a aucune importance. Je sais que pour moi au moins, il reviendra, m'interrompit-elle en refermant la porte.
Aïe. Je l'ouvris à la volée.
_ Pourquoi es-tu aussi soudainement blessante, Cher ? grondais-je
_ Pourquoi ? répéta-t-elle en haussant son sourcil ultra épilé
_ Je me demande bien ce que j'ai pu te faire pour que tu puisses me parler comme ça.
_ C'est toi qui ne me parle plus Emma. Depuis l'incident avec Katie, tu m'ignores. Tu t'en rends seulement compte maintenant car Esther est partie et tu te retrouves toute seule. Et aussi car la plupart des membres des One Direction ne t'adresse même plus la parole.
_ C'est faux. Tu ne me parles plus car je suis fâchée avec Katie, et comme c'est ton unique appui dans cette maison, tu préfères te mettre à dos les autres candidats qui de toute manière, ne t'appréciaient déjà pas. Quand aux gars, je suis seulement en froid avec Harry. Le reste ne te regarde pas.
_ Qu'est-ce que tu veux Emma ? Tu crèves de jalousie parce que je suis proche de Harry. Tu as eu ta chance. Il ne reviendra plus.
_ Je veux que tu restes loin de lui, déclarais-je, malgré moi.
_ Tu ne peux pas m'en empêcher. Et désormais il ne te fais plus confiance. Plus personne ne te fais confiance. Tu peux essayer de nous séparer, comme tu viens de le faire tout de suite. Il reviendra pour moi. Plus pour toi, désormais.
Je hochai négativement la tête et rebroussais chemin, luttant contre les larmes tandis que la porte derrière moi claquait sèchement. Je refusais de pleurer. Pas pour ça. Pas à cause des mots de Cher.
Je sortis mon portable et fit défiler mon répertoire, lorsque j'eus une idée. Je m'isolai dans l'arrière cuisine, où je m'enfermai, me laissant glisser contre le congélateur. Puis, j'appuyais sur le téléphone vert. Quelques timbres, avant qu'une voix qui avait visiblement déjà beaucoup pleuré me réponde :
_ Allo ?
_ Hannah, c'est Emma.
_ Oh, Em, souffla-t-elle. Je sais pourquoi tu appelles.
_ Laisse, répondis-je. Comment est-ce tu te sens ?
_ Affreuse, renifla-t-elle. Mais tu peux pas comprendre, je crois qu'en ayant rompu, je me sens quand même mieux.
_ Hannah, s'il te plaît...
_ Non, non Emma... Tu ne comprends pas...
_ Oh, crois moi, je comprends. Je sais ce que c'est, murmurais-je dans le combiné, sentant ma gorge se serrer. Je sais ce que ça fais d'être avec quelqu'un qui ne t'aime qu'à moitié, dont l'esprit est toujours occupé par une autre. Tu as l'impression d'être trahie, mais ce n'est pas ça. Car même s'il ne t'aime plus autant, Louis t'aime toujours, toi, Hannah. Au point de ne jamais avoir voulu que tu souffres, au point d'avoir toujours voulu ce qu'il y a de meilleur pour toi, au point de prendre tout seul la douleur que ça pouvait vous infliger. Je sais que tu as également souffert Hannah, mais Louis a été un exemple du début à la fin. Il n'a jamais voulu ça.
_ Je ne supportes plus l'idée de ne plus être la seule.
_ Je peux le comprendre...
_ Comment ?
_ Carl m'a trompé avec Swann. Il n'a jamais cessé de l'aimer. Jamais. Et je l'ai toujours su, mais j'ai préféré fermer les yeux, parce que je me disais que si j'avais assez d'amour pour nous deux, ce serait suffisant pour continuer ensemble. Et puis j'ai commencé à douter. Ça a été le début de la fin. Louis, lui n'a jamais douté.
_ Emma, je ne suis pas aussi forte que toi. Je ne peux plus le faire. Ça me fais trop mal...
Je l'entendais pleurer au téléphone, de l'autre côté de L'Angleterre. Ils ne se remettraient pas ensemble, j'en avais désormais la triste certitude.
_ J'ai été ravie de te connaître Emma. Tu me manqueras, en un sens. Ne doutes jamais que tu sois quelqu'un de bien. Toi et Louis avez ma bénédiction, dit-elle, avant de raccrocher.
J'accusais le coup, choquée. Sa bénédiction ? Je me mordis la lèvre inférieure. Hannah avait vraiment tout compris. C'était quelqu'un de courageux.
Je sortis de l'arrière cuisine et montait à l'étage de nouveau, ignorant les rires de la bataille d'aubergines de Matt et Aiden, filant directement dans l'ex chambre des Belle-Amie. Harry et Louis étaient encore là, et je refermais soigneusement la porte derrière moi avant de me tenir de l'autre côté de l'aîné. Je nouais ma main dans la sienne, la pressant avec affection. Je finis par poser ma tête sur son épaule, et nous restâmes ainsi, tous les trois. Une heure peut-être, un peu plus sûrement. Je ne sais pas.
Il y a des moments où nous faisons semblant. Des moments où nous mentons, nous essayons de faire voir autre chose que ce que l'on pense vraiment. Et puis parfois, malgré les différences, malgré la colère et les cachoteries, il arrive de partager de vrais moments de bonheur, des souvenirs sincères qui resteront gravés à jamais. Comme notre performance de ce soir, où notre complicité à tous crevait l'écran. Surtout quand à la fin de la chanson on se rassemblait pour notre habituel câlin collectif. Je me fichais bien à ce moment là d'échanger de grands sourires avec Harry et que Zayn me tienne par la taille. Ce que nous venions de partager était réel, comme chaque semaine, comme à chaque fois. Le reste de nos problèmes personnels attendraient que l'on sorte de scène et que l'on quitte les studios de X Factor.
_ C'était une magnifique manière de conclure le prime de ce soir, déclara Louis Walsh derrière tous les hurlements des fans dans le public, partout où je vais on me parle de votre groupe, vous êtes un mélange de Westlife, Take That, vous pourriez être le prochain popband mais SIMON désolé de faire le rabat-joie mais le thème est « American Anthems » cette chanson n'a même pas été écrite en Amérique ! Les garçons -et Emma bien sur- ce n'est pas de votre faute, mais celle de votre mentor qui ne sait pas choisir la bonne chanson !
C'était couru, nous savions que Louis dirait quelque chose, et nous préférions en rire plutôt qu'en pleurer. Comme l'avait si justement dit Walsh, ce n'était pas notre faute mais bien celle de Simon.
Nous attendîmes encore quelques minutes, le temps que Danii, Cheryl et Simon nous fassent part de leurs avis (positifs, heureusement!) avant de retourner en coulisse où, comme à chaque prime nous laissions éclater notre joie hors-caméra. Nous étions unis, et c'était ce qui comptait. Mes -nos- frasques amoureuses pouvaient nous écarter les uns des autres l'espace de quelques heures, mais je savais au fond de moi que nous ne nous séparerions jamais.
_ Bon, le plus dur est fait, nous n'avons plus qu'à attendre demain, dit Liam qui avait retrouvé le sourire.
Nous retournâmes une dernière fois sur scène pour l'appel des candidats, avec un récapitulatif de toutes nos prestations, pour appeler les téléspectateurs à voter pour nous. Suite à ça, Simon nous félicita une fois de plus.
La semaine avait été à la fois très longue, et finalement très courte. Je perdais la notion du temps ici, et nous nous apprêtions à faire une semaine de plus dans ces studios. J'en étais convaincue.
Dans un jour, je serais officiellement célibataire depuis une semaine. Carl avait respecté mes dernières volontés : je n'avais plus jamais entendu parler de lui. Une part de moi était presque déçue de ça. J'aurais voulu qu'il insiste un peu, pour que je lui fasse clairement comprendre que je ne voulais plus de lui. Notre manière de rompre avait presque été trop simple pour la complexité de notre relation.
Je n'arriverais jamais à lui pardonner. Il savait à quel point ça me blesserait si j'avais découvert ses cachoteries. Il connaissait mon histoire, et le même schéma se reproduisait. Depuis une semaine, je n'arrivais vraiment plus à croire que je pourrais aimer à nouveau. Preuve en était de mon comportement avec Harry, Zayn et Liam, je veux dire, dans des conditions normales je n'aurais jamais agit ainsi. J'imagine que cette expérience avait changé quelque chose en moi, à jamais.
J'aurais préféré que Carl soit moins lâche et qu'il me fasse comprendre qu'il ne voulait pas que l'on se remette ensemble cette semaine où j'avais tant insisté, plutôt que de me tromper durant tout ce temps.
Je posais ma tête sur l'épaule de Liam, dans le van qui nous ramenait à la maison des candidats après la nuit fatigante qu'avait été le prime. Arrivés à destination, celle-ci freina et s'arrêta.
Les candidats sortirent de la voiture et chacun vaqua à ses occupations. Certains trop tendus par le stress téléphonèrent à leurs proches, comme chaque semaines. D'autres se faisaient une tisane avant d'aller se coucher, plusieurs se grillaient une dernière clope. Je montais à l'étage et prit mes affaires dans la chambre commune, pour les ramener dans celle vide des Belle-Amie.
_ Qu'est-ce que tu fais ? demanda Matt qui passait devant la porte ouverte. Tu déménages ?
_ Exactement. Je déménage.
_ Pourquoi ?
_ Je vis avec cinq garçons 24h/24 et c'est parfois oppressant. J'ai besoin d'espace.
_ Ils ne vont pas apprécier.
_ Détrompes-toi. Je pense que c'est nécessaire arrivé au milieu de l'aventure. Ça va finir par devenir malsain cette histoire.
_ Parce que ça ne l'est déjà pas ?
Je haussai un sourcil.
_ Explique-toi Matt.
_ Lundi matin tu te réveilles en pleine forme après une longue nuit agitée auprès de Harry et vous ne vous adressez plus la parole de la semaine. Même schéma avec Zayn depuis mercredi. Je ne suis pas spécialement observateur mais ça crève les yeux qu'il y a un problème.
_ Je sais, dis-je en rangeant mes pulls dans l'armoire vide. Je sais.
Le brun haussa les épaules.
_ Je t'avais dis de faire attention Emma.
_ Et moi à ce moment là j'ai pensé que je ne voulais plus faire attention. J'assume complètement ce qui arrive, d'accord ? Je sais que ça ne regarde pas que moi et que l'ambiance de groupe en prends un coup, mais on a beau être des adolescents on sait faire la part des choses et passer un excellent moment au prime. Tout ceci va s'arranger, je ne sais pas quand ni comment mais, je vais trouver un moyen d'arranger les choses. C'est trop facile de venir après et de me dire « je te l'avais dis Emma » parce que Matt, je le sais déjà.
_ D'accord, d'accord, céda-t-il. Je te laisse ranger tes affaires.
_ Ouais.
Non. Non, je n'allais pas faire un récapitulatif de ce que venais dire Matt, et en faire une étude qui allait m'amener à d'autres interrogations et d'autres réflexions. Je préférais me concentrer sur la dernière pile de vêtements que je rangeais dans l'armoire. J'étais fatiguée, et je préférais arrêter de penser tout court.
Je rentrais dans le bain bouillant que j'avais fais couler en attendant, et je me laissais aller un peu, essayant de me détendre. La configuration aléatoire de mon Iphone avait sélectionnée Good Times Gonna Come de Aqualung, une de mes chansons favorites. Je me forçais à respirer longuement de manière régulière, en fermant les yeux et en m'imaginant dans ma chambre, en France. Étrangement et pour la première fois, cette vision me fit sourire. J'imagine qu'après plusieurs mois en Angleterre, ma vie posée et calme d'avant les Fireworks me manquait. Ma relation avec ma mère me manquait. Gabrielle aussi, l'ancienne Gabrielle. Et plus que tout, mon Papy me manquait.
Je plongeais lentement ma tête sous l'eau, m'isolant du monde entier. J'aimais ouvrir les yeux dans cet espace aqueux, et observer ce qu'était le monde, avec une distance physique. Tout semblait si mystérieux en dessous, et si décevant à la surface. Et là, un véritable silence s'imposait. Je l'imposais. J'aimais ça.
J'entendis quelques vibrations. L'eau à la surface bougea. Je sortis ma tête de l'eau et respirai un grand coup, tandis que deux mains me tiraient hors de celle-ci.
_ Mais t'es complètement tarée ou quoi ? cria Harry en retirant ses mains de mon corps
_ Qu'est-ce que tu fais là ? demandais-je, surprise, en lissant mes cheveux avec mes mains tremblantes
_ Ça fais vingt minutes que je te cherche, qu'est-ce que tu foutais sous l'eau comme ça bordel ?
_ Je cherchais juste un peu de calme et de sérénité pour... réfléchir.
_ En apnée ?
_ Laisse tomber, dis-je en attrapant une serviette et en m'en drapant.
Il semblait furieux. Et je me retrouvais de nouveau démunie devant lui, comme lors de l'épisode cuisine. Mais différemment cette fois-ci. Harry avait beau être le plus jeune après moi, il me paraissait encore plus intimidant que Zayn, à l'instant présent. Et ça me troublait.
_ Je...
Avant qu'il ne dise quoi que ce soit d'autre, je l'interrompis.
_ Je te souhaite beaucoup de bonheur avec Cher.
Il me regarda un instant, surpris. Son visage reflétait de la tristesse et une intense colère. Il quitta la pièce en claquant la porte, me faisant sursauter. Je fermais les yeux, essayant de maîtriser les battements désordonnés de mon coeur. C'était mieux comme ça, après tout.
_ Oui ?
Niall, Liam et Louis apparurent dans l'encadrement.
_ Emma ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ?
_ Je m'apprête à me coucher, répondis-je
_ Tu ne dors pas dans la chambre avec nous ? rétorqua Liam, déçu
_ Oh non, j'ai complètement oublié de vous prévenir, m'exclamais-je. Je hum... je sais pas, je pense que je préfère avoir ma propre chambre désormais, ça devient un peu lourd comme ambiance parfois et je ne veux pas que de nouvelles rumeurs courent encore, c'est sûrement mieux ainsi, n'est-ce pas ?
_ Peut-être, souffla Niall, visiblement aussi déçu que Liam.
_ Je suis désolée
_ Je pense que c'est une maladie que nous avons guéri tous ensemble.
_ On va te laisser dormir dans ce cas. Bonne nuit Little Em, dit Liam en quittant la pièce, suivit de Niall. Mais pas de Louis.
Il était resté silencieux tout le long de l'entretient et avait désormais soigneusement fermé la porte.
_ Eh, ça va ? m'enquis-je en me levant et en le prenant dans mes bras.
_ Pas trop, répondit-il avec un triste sourire.
_ Tu as été parfait ce soir au prime Louis. Vraiment.
_ J'ai oublié l'espace de quelques minutes Hannah, ce doit être pour ça, souffla-t-il.
_ Un jour va arriver, où tu oubliera complètement.
Il me serra plus fort contre lui, avant de me prendre délicatement par les épaules, de manière à avoir mon visage en face du sien.
_ Merci. Merci d'avoir essayé, merci d'avoir voulu que ça marche entre elle et moi. Je suis triste, mais je n'ai pas de regrets.
_ Tu as fais les choses bien Louis. Tu peux être tranquille, affirmais-je avec un sourire tendre.
_ Je sais que tu veux désormais faire chambre à part mais, est-ce que ça te dérangerait que l'on dorme ensemble cette nuit ?
_ Bien sûr que non, dis-je en me dirigeant vers le lit, où nous nous glissâmes tous les deux sous la couette. Sa ma vint se nicher dans la mienne, au creux de ma poitrine.
Comme si rien n'avait jamais changé.
Fan29, Posté le lundi 23 juillet 2012 06:04
je suis très contente de cette suite, car vu le chapitre précédent, j'avais un peu peur vis à vis de l'avenir du groupe, mais je trouve que tu as très bien rattrapé les choses :) continue comme ça, continue à nous faire trépigner d'impatience à 11h59 tous les dimanches et de plaisir lorsque nos yeux se posent enfin sur les premiers mots tant attendus du chapitre suivant! On t'aime <3