*II - Chapitre 25 *

La nuit était tombée et tout le monde dormait. Tout le monde ? Non. Niall Horan était dans son lit, les yeux rivés au plafond, dans l'impossibilité de s'endormir. Au bout d'une demi heure dans cette position, il descendit du lit à étage et ouvrit discrètement la porte pour sortir de la chambre. Il détestait cette sensation de fatigue intense et le sommeil qui refusait quand même de venir.
En ouvrant le frigo, il découvrit les restes du grand repas d'hier soir, et s'empara des toasts qui étaient sous cellophane. Silencieusement, il les avala tous, en pensant qu'un repas finirait bien par le faire tomber dans les bras de Morphée. Ça avait toujours fonctionné. Mais il savait que ce n'était pas la solution, cette fois-ci.
Une forme attira son attention. Matt avait laissé sa guitare traîner à côté du téléviseur et curieux, Niall frôla du bout des doigts la forme boisée, avant de l'asseoir sur ses genoux. Il adorait les guitares, il avait commencé à en jouer il y a quelques années, et il était même plutôt doué, s'il en croyait son prof. Depuis le Bootcamp il n'en avait pas touché une. Ses courbes féminines étaient familières et il aimait son poids. Matt possédait un très bel instrument. Il gratta les cordes et une douce mélodie en sortit.

Cette chanson lui faisait penser à Esther. Voilà la raison de son insomnie. Son esprit ne pouvait pas quitter celui de la belle métisse qui lui avait fait chavirer le coeur, voilà plus de trois semaines désormais. Son rire lui manquait. Ses mauvaises réparties lui manquait. Son odeur lui manquait. Son mauvais caractère aussi. Sa chaleur. Ses baisers.
C'était un tout. Elle avait laissé un grand vide en quittant la maison, et il avait du mal à le combler. Parfois il errait. Une part de lui ne pouvait pas s'empêcher de regretter le temps qu'il avait mit à lui pardonner sa tromperie. Niall avait totalement oublié qu'il était dans un jeu où d'une semaine à l'autre, tout pouvait changer, et il aurait voulu que les choses soient différentes avant qu'elle ne quitte X Factor. Une part de lui ne lui avait pas pardonné son comportement à cette fête, mais elle s'en était tellement voulu après que sa culpabilité l'avait fait fléchir. Mais fléchir trop tard. Ils n'avaient pas pu profiter pleinement de leurs retrouvailles, tout s'était passé trop rapidement. Il chantonna, les yeux fermés, en imaginant le visage de la jeune fille :

I'm here without you Baby (je suis sans toi bébé)
But you're still on my lonely mind (mais tu es toujours dans mon esprit)
I think about you baby (je pense a toi bébé)
And I dream about you all the time (et je rêve de toi tout le temps)
I'm here without you baby (je suis sans toi bébé)
But you're still with me in my dream (mais tu es toujours avec moi dans mes rêves)
And tonight, it's only you and me (et ce soir, c'est seulement toi et moi)

Elle lui manquait, elle lui manquait vraiment. Surtout depuis la dernière soirée qu'ils avaient passé ensemble. Quand au prime, après avoir été éliminée, elle avait avoué qu'elle ne savait pas ce qu'elle ferait sans voir Niall tous les jours. C'est là qu'il avait réalisé qu'elle tenait à lui autant qu'à Emma, c'est à dire vraiment beaucoup. Et ça l'avait touché. Touché au point de lui pardonner ce qui c'était passé avec Michael.
Ils avaient passé la soirée enfermés dans une chambre à s'avouer à quel point ils s'aimaient, à quel point ils s'étaient manqués, et ils s'étaient embrassés encore et encore, jusqu'à ce qu'ils s'endorment dans les bras l'un de l'autre, fatigués et meurtris par le départ d'Esther. Ils s'étaient promis de continuer à garder contact, à s'envoyer des messages chaque jours et ils avaient respectés ça depuis, mais quelques mots ne pouvaient remplacer de vraies conversations et le manque de la jeune fille se faisait de plus en plus ressentir auprès de l'Irlandais. Il détestait cette distance, celle qu'il avait également avec sa famille en Irlande commençait à lui peser. Quand il voyait tour à tour les familles des autres garçons, ça lui serrait la gorge car l'avion et le train pour Londres coûtait trop cher et Niall n'avait eu l'occasion de les voir qu'une seule fois. « Enfin, il y a toujours pire, pensa-t-il, Emma n'a pas vu sa mère depuis des mois et elle n'en fais pas une maladie. Le téléphone est là pour ça ». Oui mais il n'était pas aussi fort qu'Emma.

Ses doigts filaient sur la guitare, grattaient les cordes avec le talent que possédait le blond. La musique réveilla Harry à l'étage, qui avait le sommeil léger ces derniers temps. Le bouclé se passa une main sur le visage, en se faisant la promesse de tuer Niall, avant d'écouter avec plus d'attention ce que jouait l'Irlandais. Une reprise de 3 doors down, que son ami maîtrisait à la perfection. Il adorait cette chanson, elle lui faisait penser à... Emma.
Avec un soupir il s'empara de son oreiller et essaya de le plaquer contre ses oreilles pour ne pas entendre la douce mélodie, mais rien n'y faisait, il pouvait deviner chaque note. Il décida de se lever pour rejoindre Niall, mais une fois dans le couloir, la tentation fut la plus forte et il gratta doucement à la porte de la nouvelle chambre d'Emma. N'obtenant pas de réponse, il la poussa dans un grincement sinistre qui devait au moins avoir réveillé les voisins, si ce n'est la ville entière. Il y avait deux formes dans le lit, et il serra la mâchoire en remarquant que Louis enlaçait Emma, et qu'ils dormaient tous les deux d'un sommeil paisible. « Au moins, ce n'était pas Zayn » essaya-t-il de positiver en refermant la porte doucement.

 

I'm here without you Baby (je suis sans toi bébé)
But you're still on my lonely mind (mais tu es toujours dans mon esprit)
I think about you baby (je pense a toi bébé)
And I dream about you all the time (et je rêve de toi tout le temps)
I'm here without you baby (je suis sans toi bébé)
But you're still with me in my dream (mais tu es toujours avec moi dans mes rêves)
And tonight, it's only you and me (et ce soir, c'est seulement toi et moi)

La vérité, c'est que Harry ne pouvait s'empêcher de penser à la jolie chanteuse des One Direction. Il y avait deux combats en ce moment dans sa tête, et il n'avait pas de réponse à formuler à ses interrogations. Une part de lui en voulait comme jamais à la bouclée, de l'avoir ainsi trompé et de s'être joué de lui de la pire manière qui soit. Mais il connaissait Emma. Il savait que c'était quelqu'un de bien, il lui avait forcé la main dans la salle de bain seulement quelques minutes après qu'elle soit célibataire. Elle n'avait pas réfléchi, lui non plus, et voilà le résultat aujourd'hui, ils ne se parlaient plus. Peut-être avait-elle prit peur, peut-être ne voulait-elle pas de lui tout simplement. Tout ce qu'il savait, c'était que son attache et son dévouement pour la belle allait au delà de sa colère, et que s'il lui arrivait quoi que ce soit, il serrait là pour elle.
Une autre part de lui pensait à Cher. La brune était davantage son genre de fille, elle était drôle, superficielle, bien anglaise... Mais tout était moins simple qu'avec Emma. Ils n'étaient pas complices. Ils se tournaient autour, s'étaient même embrassés mais... le baiser qu'il avait échangé avec Emma était mille fois plus savoureux que celui de Cher, Harry avait senti comme une explosion dans sa cage thoracique, son coeur s'était emballé et il avait su. Avec Cher il doutait. Il ne voulait pas blesser la brune, mais être avec elle faisait également comprendre à Emma qu'il était capable d'aller de l'avant, ce qu'il voulait faire comprendre à la bouclée. Il voulait qu'elle sache qu'il n'avait pas besoin d'elle pour être heureux.
Ce qui était faux.
Il utilisait Cher davantage comme un objet, et son esprit était de toute manière occupé par Emma, ce qu'il faisait n'était donc pas bien. Il le savait. Mais c'était une alternative pour ne pas trop souffrir de son manque.

Au rez-de-chaussée le silence c'était fait depuis plusieurs minutes déjà et Harry descendit pour aller voir Niall, qui avait reposé la guitare et était retourné dans le frigo.

_ Hey buddy, qu'est ce que tu fais debout à une heure pareille ? lança le blond, la bouche pleine.
_ Ta représentation m'a réveillé.
_ Oh, désolé, rougit l'Irlandais.
_ C'est rien. Tu manges quoi ?
_ Les cakes individuels du repas d'hier soir, j'ai faim.
_ Tu as toujours faim, sourit Harry en prenant la nourriture que lui tendait Niall et en s'asseyant sur le canapé, pensif, tout en grignotant un morceau.
_ Ça va Curly ?
_ Oui, oui. Pourquoi tu jouais cette chanson ?
_ Elle... me faisait penser à Esther.
_ Elle te manque tant que ça ?
_ Plus que tu ne pourrais le comprendre.
_ Oh crois moi Niall, je comprends, répondit sombrement Harry.

♕

Le réveil de Louis sonna, nous réveillant tous les deux.

_ 5h50, Louis mais t'es sérieux ?
_ Mmmh putain... bougonna-t-il en appuyant à tâtons sur son Iphone.
_ T'as appuyé sur quoi ?
_ Qu'est-ce que ça peut faire ?
_ Si t'as appuyé sur Snooze, je te jures que je te fais ta fête Louis Tomlinson.
_ On verra bien. Je l'avais réglé pour le prime d'hier soir mais de toute manière aujourd'hui, il va falloir qu'on se lève aussi.

Je commençais déjà à me rendormir, lorsque le téléphone sonna de nouveau. En y mettant tout mon poids, je roulais sur le garçon qui explosa de rire, puis je me mis à sauter pour l'écraser complètement, avant qu'il ne commence à me chatouiller.

_ Aaaah Louis arrête ça me rends hystériques les guilis ! criais-je en me tortillant comme un vers pour échapper aux mains baladeuses du brun.
_ Qui fais la fête à qui là ? C'est qui le maître ?
_ C'est m-m-moiii, continuais-je de crier, gesticulant, essayant de ne pas rire trop fort.
_ C'est qui ? C'est QUI ? dit il en intensifiant au niveau de mes flancs, là où j'étais le plus sensible.
_ AAAH d'accord c'est toi c'est toi c'est toi c'est TOI !
_ Mh j'ai pas entendu. Je crois que je ne comprendrais que quand tu diras « Louis Tomlinson est le maître de la terre, et de l'univers »
_ Louis Tomlinson est le maître de ma grand mère et d'une motte de terre !
_ PARDON ? rit-il

Je m'extirpais du lit en vitesse et allai m'enfermer dans la salle de bain.

_ HA !
_ Em allez ouvre je te promets que je ne te chatouillerais plus !
_ C'est ça ouais. Laisse tomber, je vais prendre ma douche de toute manière.
_ Raison de plus pour que tu m'ouvres.

Je ris, et commençais à me déshabiller. Ma tête me tournait un peu avec ce réveil mouvementé, mais le jet bouillant acheva de me détendre. Je souriais encore comme une débile en sortant de la salle de bain, enturbannée dans une serviette immaculée. La pièce était vide, j'en profitai pour enfiler mes sous-vêtements et une tenue confortable puisque de toute manière nous allions passer la journée dans les studios pour être préparés ce soir. Nous avions droit de répéter une unique chanson, celle que nous étions censé chanter si nous avions la malchance de faire parti du Bottom 2.
L'enchaînement habituel de petit déjeuner, van et répétitions s'effectua, jusqu'aux préparatifs du prime, à savoir nos tenues et nos maquillages accordés pour la collégiale. Cette semaine nous chantions « So What » de Pink, une de mes chansons favorites du moment. Nous chantions tous ensemble, en ce qui concernait les One Direction et nos placements étaient si simples qu'un gamin de 4 ans aurait pu faire le prime de ce soir, la tension n'était donc pas à son comble. J'étais évidemment légèrement tendue, au cas où nous aurions reçu moins de votes mais, je savais au fond de moi que des candidats comme Wagner ou Katie avaient plus de chances de partir que nous. C'était moche à dire mais cruellement vrai.
Secrètement j'espérais que Cher quitte le jeu. Je me doutais que ce ne serait pas le cas mais, j'en mourrais d'envie. Je me repassais en boucle notre conversation et je trouvais qu'elle avait plus que dépassé les limites. Je n'étais pas de nature violente mais son attitude me donnait envie de lui en coller une. Ceci dit, depuis ce matin, elle et Harry ne s'étaient pas tant parlés que ça, le planning ne leur avait pas laissé une chance de pouvoir se voir seuls.

_ Em ça va ? T'es toute blanche, lança Liam qui enfilait une paire de nike
_ Mh, pas trop, répondis-je en m'allongeant sur le canapé de notre loge. J'ai des crampes d'estomac, ça commence à me faire mal.
_ Le stress sûrement.
_ Comme je ne suis pas stressée dans ma tête, mon corps doit probablement me dire le contraire, effectivement.
_ Tu veux pas aller prendre l'air un peu ? Ça pourrait te faire du bien. J'ai du Coca dans le mini-frigo aussi, ça fais passer les maux de ventre.
_ T'es adorable, dis-je en me levant soutenue par mon meilleur ami.

L'air frais me fis effectivement du bien. Ce ne devait-être qu'un coup de stress.

_ Em tu veux en griller une ? m'interpella Louis lorsque Liam et moi rentrions.
_ Euh je sais pas, je viens de dehors j'ai un peu froid...
_ Tiens, je te passe ma veste. Viens, dit-il en me conduisant, une main dans le dos. Je prends le relais Liam, t'en fais pas, dit-il avec un clin d'oeil à l'adresse du blond qui alla rejoindre Harry.
_ Tout va bien ? demandais-je un peu décontenancée par le peps du brun.
_ Oui oui ça va, dit-il en faisant tomber son paquet par terre. J'ai bu une canette de Red Bull et mon coeur bat trop vite, c'est bizarre.
_ Louis t'es dingue ! m'exclamais-je
_ Les gars m'avaient défié !
_ Vous les mecs, il suffit de dire « t'es pas cap » et vous feriez n'importe quoi.
_ C'est exactement ça, répondit-il en explosant de rire. Tiens !
_ Non merci, répondis-je face à la cigarette qu'il m'offrait. Savan a dit que ce serait pas mal si j'essayais de ne plus fumer, ma voix risquait d'en prendre un coup. Tu devrais arrêter aussi Louis.
_ Pour ce que je chante chaque semaine, je pense que ce n'est même pas un risque, répondit-il en allumant le cylindre.
_ Vas Happenin ? nous interrompit Zayn en sortant son propre paquet, nous rejoignant.
_ Je vais vous laisser, dis-je en rendant sa veste à Louis. Merci pour ça.

Je vis dans les yeux de Zayn de la déception. Il essayait en vain de me parler depuis notre baiser et je trouvais le moyen de m'éclipser à chaque fois. Les moments que nous étions obligés de passer ensemble étaient les repas et les répétitions et le reste du temps je m'arrangeais pour ne pas avoir affaire à lui. Ça valait mieux pour tout le monde, surtout pour Harry. Harry qui adoptait d'ailleurs la même technique envers moi.

Mes crampes m'élançaient réellement cette fois-ci. J'avais beau être douillette, elles étaient très douloureuses, vraiment trop pour que ce soit lié au stress.

« Calme toi Em. Tu as du manger quelque chose de mauvais et ton ventre te le fais payer. Ce n'est rien de grave » me persuadais-je en me tenant le bas-ventre, là où j'avais le plus mal.

_ Hey little Em, un problème ? lança Niall
_ Non non, ça va.
_ Tu transpires du front. T'es sûre que tu ne veux pas t'allonger ?
_ Oui je vais faire ça. Je vais aller m'allonger, dis-je en le suivant dans la loge où je me repositionnai là où Liam m'avait fait bouger vingt minutes plus tôt.

Le prime commençait bientôt, ce n'était vraiment pas le moment de faire une crise intestinale. Je sentis quelque chose d'humide entre mes cuisses et constata avec horreur que je venais d'avoir mes règles. Honteuse, je me précipitais aux toilettes avec ma ''trousse de survie'' où j'avais toujours un tampon et une serviette de secours. Je changeais immédiatement ma culotte et tirais nerveusement sur ma tunique en jean pour aller trouver l'une des stylistes et lui demander de me changer le bas. Elle eu la délicatesse de ne faire aucune remarque ou de commentaire et me tendit un short rose taille haute qu'elle m'aida à enfiler. Je me sentais comme une gamine qui venait de se faire pipi dessus, c'était assez humiliant. Les techniciens en profitèrent pour m'installer mon -faux- micro et j'attendis dans les coulisses, pâle comme un fantôme, que la suite se passe. Mes douleurs allaient croissantes et j'avais furieusement chaud. Le prime commença finalement et je fus vite rejointe par les garçons, tandis que la collégiale commençait.

_ La vache, il y avait de l'ambiance ce soir, dit Louis surexcité en tendant son micro à un régisseur.

Tout le monde acquiesça, amusé de l'énergie qui se dégageait de l'aîné du groupe.
Je ne pense pas que les caméras avaient été étrangères aux rictus de douleurs que j'avais fais durant la représentation, malgré toute ma volonté. J'avais vraiment de plus en plus mal.

_ Eh Em, tout va bien ? lança Niall, inquiet.
_ Mh, pas trop, avouais-je en me tenant le ventre.
_ Tu vas aller te rallonger, tu as pris un médicament, quelque chose pour faire passer la douleur ?
_ Non, pas encore.
_ On va aller en demander un. Liam, Zayn, vous voulez bien emmener Emma en coulisses ? Je vais aller chercher de quoi...

Il ne finit pas sa phrase, s'élançant dans les coulisses à la recherche d'une quelconque trousse à pharmacie. Son empressement me fit sourire, j'étais touchée par sa volonté de bien faire. Zayn et Liam m'épaulèrent sous mes protestations -je pouvais encore tenir debout, il ne fallait pas exagérer- jusqu'à la loge où je me rallongeais sur le sofa, attendant le retour de Niall. J'entendais d'où j'étais Dermot qui annonçait Shayne Ward qui allait interpréter Gotta be Somebody. Ne me demandez pas qui c'est, je n'en ai aucune idée. A la pub, Simon vint me rendre visite. En passant la porte, il ne put s'empêcher de s'exclamer :

_ Mon Dieu Emma tu fais peur ! Halloween c'était la semaine dernière !

Ce qui a au moins eu comme effet de me faire rire jusqu'à en avoir mal aux côtes, de manière à ce que tout mon ventre soit finalement endoloris. Niall revint au moment où Simon devait repartir et il me tendit deux spasfons que j'avalais avec un peu d'eau. Tous les garçons étaient autour de moi et discutaient allègrement, essayant de m'occuper, même Harry, indirectement essaya de participer. Aiden et Matt nous avaient rejoint et certains autres candidats venaient prendre de mes nouvelles, comme Mary, la cougar préférée de Harry et Louis. La deuxième prestation eut lieu et après une centième page de publicité Anglaise, les garçons m'aidèrent à me lever pour que je retourne en coulisses, pour l'appel final des rescapés pour la semaine prochaine. Être debout ainsi durant une dizaine de minutes allait être vraiment difficile mais, je n'avais pas vraiment le choix. The Show Must Go On, comme dirait Freddy Mercury.

Courageusement, je restai debout durant la longue énonciation habituelle de Dermot. J'avoue que je crevais d'impatience d'aller me recoucher, la position allongée étant moins douloureuse que la position verticale, et le long suspens du présentateur commençait à me peser. Enfin, il annonça notre nom et les garçons me portèrent jusqu'en coulisses, presque plus préoccupés de mon état que du fait que nous étions sauf pour la semaine suivante. N'ayant plus aucun autre groupe, Simon nous suivit et écarta les autres candidats déjà en coulisses qui venaient s'agglutiner autour pour voir ce qui se passait. Je suais à grosses gouttes désormais, accroupie en me tordant de douleur et mon ventre semblait s'être embrasé. Je gémissais ma peine, devant les regards hystériques des gars qui ne savaient plus quoi faire pour calmer la douleur.
Simon posa deux doigts sur son front, sembla réfléchir intensément et prit finalement une décision :

_ Appelez un taxi et emmenez-la à l'hôpital, tout de suite !

Je sentis du mouvement autour de moi et on me porta de nouveau. Je reconnus l'odeur de Liam et la pensée d'être portée par mon meilleur ami m'apaisa le temps de quelques secondes. Un discret taxi nous attendait dehors et tous les garçons montèrent tandis que les portes se fermaient en un claquement. Simon dit qu'il ne pouvait pas rester, il devait faire son devoir de juge mais il allait me rendre visite dès qu'il aurait terminé.
Lorsque je rouvris les yeux, j'étais allongée sur un lit d'hôpital et je compris que durant le trajet je m'étais évanouie. Je constatais avec effroi qu'entre mes jambes avait coulé une quantité de sang impressionnante et je me mis à pleurer de honte en remarquant les draps tachés de rouge.

_ Emma Emma, calmez vous tout va bien, me dit un homme qui devait être mon médecin.
_ NON tout ne va pas bien, vous voyez pas que c'est les chutes du Niagara entre mes jambes là ? m'énervais-je en pleurant de plus belle. Tous les garçons étaient autour et je me sentais plus humiliée que je ne l'avais jamais été de ma vie par moi-même. La douleur était encore intense et m'arrachait des cris que j'essayais de noyer dans mon oreiller, mes larmes roulant sur mes joues de manière incontrôlable.

_ Emma, écoute ce que le médecin à a te dire, me dit calmement Harry en me prenant la main.

Je fus surprise que ce soit lui qui me parle et fasse un geste vers moi. Je me tournais vers le médecin qui attendait patiemment et lorsque à coup de volonté je me calmai un peu, il commença :

_ Mademoiselle Duroy, ce que j'ai à vous dire va vous choquer j'en ai peur. Je vais vous demander de garder votre calme s'il vous plaît, même si ce que vous allez entendre sera difficile.


Could it be worst ? (Est-ce que ça pourrait être pire?)


_ Vous avez fais un déni de grossesse. Le foetus est âgé de 15 semaines. Seulement, votre esprit a été plus fort que la nature et vous avez rejeté en bloc les messages que vous envoyaient votre corps. Malgré cette volonté, votre bébé à continué de se développer en vous. C'est peut-être la raison pour laquelle vous aviez des sautes d'humeur, des envies fréquentes de pleurer, des envies de vomir ou vous avez pris un peu de poids. Vos règles ont continué de couler normalement, ce qui ne vous a pas alertée. Seulement voilà, n'ayant pas conscience qu'une vie grossissait en vous, vous avez continué à fumer, à boire, à danser et à vivre comme si vous étiez seule et c'est la raison pour laquelle vous faites aujourd'hui une fausse couche.

Je serrais la main de Harry, fort. Très fort.

_ Vous avez perdu énormément de sang, c'est la raison pour laquelle vous vous êtes évanouie, continua-t-il. Vos crampes d'estomac se sont transformées en contractions. Mais vous n'avez pas évacué le bébé, il nous faut procéder à un curetage pour évacuer le foetus désormais mort dans votre organisme. C'est une simple opération qui n'est absolument pas douloureuse, effectuée avec une anesthésie locale. Nous allons vous opérer dans la nuit et vous laisser vous reposer et par mesure de sécurité nous allons vous garder en observation la journée de demain. Ce qu'il vous faut désormais, c'est beaucoup de repos.

Mon coeur commença à s'emballer de manière incontrôlable et tout commença à être flou autour de moi. Je sentais que je convulsais sur le lit.

_ Docteur elle est en hyperventilation ! s'inquiéta une infirmière
_ Poussez vous ! écarta-t-il les garçons, avant de m'injecter un produit dans le bras et de me mettre un masque qui recouvrait ma bouche et mon nez. Tenez, respirez, doucement mademoiselle, calmez vous. Calmez vous.

Je fermais les yeux.


Lights will guide you home (les lumières te guideront chez toi)
And ignite your bones (et enflammer tes os)
And I will try, to fix you. (et j'essaierais, de te réparer)


_ Son rythme respiratoire est stable, souligna l'infirmière.

Je continuais de pleurer, respirant l'oxygène pur que me donnait le médecin. Je tenais le masque de mes propres mains désormais, et le retirai de moi-même.

_ C'est bon ? Vous vous sentez mieux ?

Je fins « non » de la tête, mes larmes continuant de rouler sur mes joues. Le sang affluait à mes tempes tellement vite que je n'entendais pas ce que disait le docteur. Il sortit de la salle, me laissant seule avec les garçons, qui se rassemblèrent autour de moi tandis que j'enfouissais ma tête dans mon oreiller.

Un bébé. J'avais un bébé en moi depuis plus de trois mois. Attendez. Plus de trois mois... ça voulait dire août. Ça voulait dire... Lucas.
Mes pleurs redoublèrent d'intensité. J'avais le bébé de Lucas en moi depuis plusieurs mois. J'avais le bébé de Lucas en moi. Dans mon ventre. Dans mon corps. Une part de Lucas vivait en moi depuis que j'étais partie, et ne m'avait jamais quittée.

_ RETIREZ MOI ÇA DE MON VENTRE ! hurlais-je soudain, me débattant dans les câbles accrochés partout comme une hystérique, arrachant ceux qu'on avait planté dans ma peau. RETIREZ MOI ÇA ! me mis-je à pleurer de plus belle, secouant la tête

_ Emma, Emma, calme-toi, dit Louis en me caressant les cheveux tendrement. On est là, on ne bouge pas.
_ Emma, dit Niall en me tenant la main, le visage baigné de larmes. Je veux que tu saches qu'on va rester toute la nuit ici, qu'on ne partira pas.
_ Si tu crois qu'on est capable de partir et de te laisser seule, c'est que tu nous sous estime, lança Liam en embrassant mon autre main, la voix nouée d'émotion.
_ On sera toujours là pour toi. Tout va bien se passer, affirma Zayn, ses grands yeux bruns embués de larmes.

Et Harry m'embrassa délicatement le front, incapable de parler.


Tears stream (les larmes coulent)
Down your face (le long de ton visage)
When you loose something you cannot replace (quand tu as perdu quelque chose que tu ne peux remplacer)
Tears stream (les larmes coulent)
Down your face (le long de ton visage)
And I... (et moi)


Mon lit roula jusqu'à la salle d'opération immaculée, me séparant des cinq âmes. Mes larmes n'avaient pas cessé de rouler sur mes joues. Il y avait beaucoup de choses que je ne comprenais pas. Mais, ce que je savais, c'était que j'avais été enceinte. Durant trois mois. De Lucas. Et mon bébé venait de mourir. Rien ne pourrait jamais me guérir de ça. Jamais.