

_ Bonjour mademoiselle Duroy, dit-elle avec un doux sourire. Vous avez bien dormi ?
_ Suffisamment en tout cas, dis-je en me relevant légèrement, aidée de la femme. Les garçons ne sont pas là ?
_ Ils ont du quitter l'hôpital lorsque cet homme est venu les chercher et les emmener par la peau du cou. Malgré leur protestations c'est lui qui a eu le dernier mot.
_ Ce devait être Simon Cowell, souris-je
_ Vous savez, ils ont veillé une bonne partie de la nuit à votre chevet, tour à tour. En temps normal on ne les aurait pas laissé faire mais ils avaient l'air déterminés comme jamais et personne n'a voulu vous les enlever, dit-elle gentiment en me faisant écarter les jambes pour voir si du sang coulait encore après ma nuit. Ça m'a l'air plutôt pas mal tout ça !
_ Vraiment ?
_ Plutôt ! Au fait, je m'appelle Kelly, dit-elle avec le même sourire qu'au début.
Cette jeune infirmière m'inspirait confiance.
_ Enchantée Kelly, dis-je en lui rendant son sourire.
_ J'imagine que vous êtes fatiguée, je vais vous laisser vous reposer.
_ Vous partez déjà ? répondis-je, une pointe de déception dans la voix.
_ Je vous propose quelque chose : je fais le tour de mes patients et je reviens passer un peu de temps avec vous, avant que les heures de visites ne soient autorisées. À ce moment là vous pourrez voir vos amis.
_ D'accord, à tout à l'heure, dis-je en m'allongeant.
_ Au fait Emma, vous avez une séance avec une psychologue dans une demi-heure. Une infirmière vous y conduira.
_ Pourquoi ? m'insurgeais-je
_ Calmez-vous, sourit-elle. Toutes les femmes ayant perdu un bébé ont cette séance.
Je me positionnai de la manière la plus confortable possible et essayai de faire le vide dans ma tête, tandis qu'elle quittait la salle. Je ne me souvenais pas vraiment de l'opération d'hier, malgré que ça ai été une chirurgie très légère. J'étais davantage fatiguée par rapport aux derniers évènements que physiquement. J'avais du m'endormir car, une nouvelle infirmière me réveilla pour me conduire à cette fameuse séance. Mon bas-ventre me faisait encore très mal, mais ce n'était rien comparé à hier. Malgré mes protestations, on m'emmena en fauteuil roulant.
_ Emma Duroy, n'est-ce pas ? me salua la psychologue en me tendant la main, que je serrais, avec une légère pointe d'appréhension. Je n'avais rien contre les psychologues mais je n'étais pas vraiment à l'aise avec.
_ Bonjour, répondis-je, plus poliment qu'elle.
_ Installez vous, dit-elle tandis que l'infirmière refermait la porte derrière nous deux. Comment allez vous ?
Je haussai un sourcil.
_ Eh bien, j'avoue que je pète le feu, je veux dire, je suis en fauteuil roulant chez une psychologue, à l'hôpital, on m'a appris hier soir que j'avais fais un déni de grossesse et que par la même occasion j'avais perdu mon bébé en faisant une fausse couche, qui aurait pu se produire devant L'Angleterre entière si le timing avait été meilleur. Il faut dire que j'ai rarement été aussi en forme !
Elle sourit et nota dans son carnet quelque chose avant de le refermer et de le poser sur son bureau derrière elle.
_ Question stupide réponse stupide, j'imagine, dit-elle en ramenant ses cheveux frisés sur une seule épaule. Commencez par respirer calmement et régulièrement.
_ Ah, parce qu'en plus vous êtes prof de yoga ? dis-je, m'exécutant cependant.
Je détestais l'odeur de cette salle. Je détestais également le fait d'y être, et de m'y sentir emprisonnée sur cette chaise. Je détestait ne pas avoir eu le choix. Je détestait cette femme qui me contemplait avec son air supérieur et gentillet. Après quelques respiration, la femme reprit :
_ Vous êtes Emma Duroy, donc. La benjamine de l'émission X Factor. Ce doit être beaucoup de tension chaque semaines, n'est-ce pas ?
Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me parle du show télévisé. Avec une pointe de surprise, je lui répondit :
_ Oui, assez. Mais c'est ce que j'aime. Je voulais tout ça, j'imagine.
_ Vous imaginez ?
_ Disons que j'ai passé ce casting contre mon gré. Peut-être qu'une part de moi n'était pas prête à commencer cette émission, mais cette part est morte après la maison des juges. J'avais juste besoin d'un électrochoc.
_ Pourquoi ne vouliez-vous pas passer ce casting ?
_ C'est très indiscret, me braquais-je en croisant les bras.
_ Tant que ça ?
_ Je n'avais pas envie de monter sur scène, c'est tout. Ça me rappelait de mauvais souvenirs.
_ Quels genres de mauvais souvenirs ?
_ Je viens d'arriver, ris-je ironiquement. Vous pensez vraiment que je vais vous déballer ma vie comme ça ?
_ Non, sourit-elle gentiment. Vous me parliez d'un déclic. Vous l'avez eu grâce à votre relation avec les One Direction ?
_ Je pense, oui. Une vraie confiance s'est installée entre nous, lorsqu'on a su qu'on allait passer beaucoup de temps ensemble dans le futur. C'est devenu comme une deuxième famille, je sais que je peux compter sur eux. Tout comme ils savent qu'ils peuvent compter sur moi, même si depuis le début l'inverse a plutôt été d'actualité, soufflais-je en repensant à la dernière nuit.
_ Parlez moi de cette relation.
_ Elle est juste... inconditionnelle, réfléchis-je. J'ai rarement connu ça dans ma vie, autrement que dans la famille. D'où mon propos en disant qu'ils étaient une deuxième famille. Ça ne s'explique pas, ça se sent. C'est tout, haussais-je les épaules.
_ Venons-en à la raison de votre venue ici, à l'hôpital. Qu'est-ce qui s'est passé ?
_ J'ai... j'ai commencé à avoir des crampes d'estomac en début d'après-midi et mon mal est allé croissant, jusqu'à ce que j'ai des premières pertes de sang. Je ne suis pas vraiment régulière dans mes règles alors je n'ai pas fais trop attention, je n'ai jamais pris le temps de compter mes jours. J'ai juste mis un tampon et une serviette et j'ai préféré oublier l'incident mais, mon mal de ventre était de plus en plus douloureux. Au point que j'ai passé le reste du prime allongée sur le sofa de notre loge. Après le stress des résultats et la tension, je me suis sentie exploser et j'ai recommencé à perdre du sang, mais en grande quantité, au point de m'évanouir. Je ne me souviens que de m'être réveillée sur un lit d'hôpital où un médecin m'annonçait que j'avais fais un déni de grossesse et une fausse couche. Voilà les raisons de ma présence dans votre cabinet aujourd'hui, finis-je stoïquement, sans laisser paraître la moindre émotion. Et c'est ce que j'étais, au moment présent. Sans émotion.
_ Pourquoi êtes vous en colère ? finit-elle par lâcher, après m'avoir longuement observée.
_ Mais je ne le suis pas ! m'indignais-je
_ Vous l'êtes.
_ Vous ne me connaissez pas.
_ Il n'est pas nécessaire de vous connaître pour lire dans vos yeux que vous êtes en colère.
_ JE NE SUIS PAS EN COLERE ! explosais-je.
Elle eut un petit sourire victorieux. J'éructais :
_ Je ne vous connais pas sauf votre respect, et je ne suis pas du genre à me confier à la première personne venue du coin. J'ai vécu des choses très difficile et je m'en suis sortie grâce à mes amis qui me soutenaient. C'est tout. Et c'est tout ce que vous avez besoin de savoir. Je ne me confierais pas à vous et croyez moi, j'ai assez de volonté pour rester silencieuse le reste de l'heure s'il le faut. Alors parler de X Factor ou quoi que ce soit d'autre de futile, avec plaisir, le reste, c'est même pas la peine d'y penser.
Son sourire s'élargit.
_ Je pense que nous avons fini.
J'ouvris la bouche de surprise. Elle appuya sur un bouton rouge à côté d'elle et dans les cinq minutes qui suivit, une infirmière vint me chercher. Durant ce laps de temps, je repris mes esprits et me repassais la scène dans la tête. Je n'avais pas pour habitude de faire si mauvaise impression, on m'avait bien élevée et je commençais à me mortifier sur place de mon comportement, dont j'avais honte. Le calvaire cessa quand Kelly s'empara de mon fauteuil roulant pour me ramener dans ma chambre.
_ J'ai été ravie de faire votre connaissance mademoiselle Duroy, me salua la psychologue en refermant la porte, avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit.
_ Ça s'est bien passé ? s'enquit l'infirmière.
_ Mh, je ne sais pas trop, répondis-je dubitative.
_ Elle avait l'air contente d'elle-même, et elle t'as vite renvoyée. Parfois elle garde des patients plus de deux heures avec elle. Tu lui as visiblement donné ce qu'elle voulait, et vite.
Je ne voyais pas en quoi, mais je ne préférais plus y penser. Mon estomac criait famine et me distrayait de quoi que ce soit d'autre.
_ C'est justement l'heure du petit déjeuner, sourit Kelly en me donnant un plateau contenant une crème au chocolat, un café noir et un croissant.
_ Je t'offre mon café ? lui proposais-je en lui tendant le gobelet.
_ Tu n'en bois pas ?
_ Non, je n'aime pas ça.
_ Je n'ai pas le droit de manger la nourriture de mes patients, rit-elle en me voyant insister avec le gobelet. Garde-le pour tes visites de tout à l'heure.
_ Ou pour les toilettes. Je ne vais pas offrir ça aux garçons c'est ridicule.
_ Comme tu veux miss. Bon, raconte moi alors, c'était si horrible que ça cette séance ?
_ Je n'étais pas en confiance. Et quand-bien même je le suis, j'ai du mal à me confier par nature, j'ai tendance à vouloir cacher certaines choses. Je ne risquais pas de lui dire quoi que ce soit.
_ Je pense que ça c'est mieux passé que tu ne le crois. Dis, ne le prends pas bizarrement ou quoi que ce soit mais... voilà, je regarde X Factor depuis le début de cette saison et j'avoue avoir énormément accroché avec toi alors, je me demandais si ça te dérangeait de me signer un autographe ?
Je fus surprise de sa demande, avant de me rendre compte que les infirmières n'étaient pas en marge de la société et qu'après tout, elles regardaient aussi la télévision. Je lui signai sur un papier qu'elle m'avait tendu et elle me remercia chaleureusement. Son bipper se déclencha tandis qu'on discutait du comportement de Katie et elle dû me laisser. Elle m'embrassa tendrement le crâne, consciente que c'était la dernière fois que nous risquions de nous croiser, vu que j'étais censée sortir ce soir. Le médecin la précéda et vérifia mes constantes, qui lui semblèrent satisfaisantes.
_ Vous nous avez fais une belle frayeur, hier soir, souligna-t-il en enlevant ses lunettes, se passant une main sur son visage fatigué.
_ J'étais hors de contrôle, Kelly m'a dit.
_ Kelly ?
_ L'infirmière, répondis-je.
_ Mh, bien sûr. J'aurais préféré que vous ne fassiez pas ces complications, il a été difficile de vous stabiliser au début.
_ Oui eh bien moi j'aurais préféré que vous soyez docteur Mamour mais, on a pas toujours ce que l'on veut, soulignais-je avec un clin d'oeil qui le fit néanmoins rire. Vous avez l'air fatigué.
_ Je viens de faire une garde cette nuit, j'avoue l'être un peu sourit-il.
_ Mais, attendez, vous parlez français ? compris-je seulement maintenant
_ On vous a peut-être donné trop de médicaments ! Vous vous en rendez compte maintenant ?
_ J'avoue ne pas avoir fais vraiment attention, dis-je. Ça fais du bien de parler un peu français. Ça m'avait manqué.
_ Manqué au point de ne même pas le remarquer ! Je suis médecin également à Paris, je fais la navette de temps en temps en France pour m'occuper de cas particuliers, comme les cancers par exemple. En règle générale je ne m'occupe pas de cas aussi ''simples'' que le votre -ne le prenez pas mal- mais comme j'étais de garde cette nuit, je suis votre médecin référant.
_ Oh, ceci explique cela, souris-je. Comment est-ce que vous vous appelez monsieur ?
_ Appelez moi Dereck, dit-il en faisant un clin d'oeil.
Dereck comme, Dereck Sheperd dans Grey's Anatomy, ou Dr Mamour pour les intimes. Le coup de coeur de toute fille qui se respecte.
_ Non mais sérieusement !
_ Mais je m'appelle vraiment Dereck ! rit-il en se levant. J'ai d'autres patients dont il faut que je m'occupe, j'ai été ravi de vous voir mademoiselle Duroy. J'espère vous revoir très vite et dans de meilleures conditions, et je vous souhaite bon courage pour la suite.
_ A vous aussi Doc, et faites au moins une sieste, Halloween c'était la semaine dernière, repris-je avec philosophie la phrase de Simon Cowell.
J'entendis la porte se refermer en j'essayai d'attraper la télécommande de la télévision sur ma table de chevet mais, avec tous ces tubes dans le bras droit c'était assez difficile.
_ Connasse, tu vas venir oui ?! m'agaçais-je.
_ Dis donc, qu'est-ce que c'est que ce langage ? Je te laisse quatre mois en Angleterre et tu deviens aussi vulgaire que cette fille dans...
Je relevais la tête au son de cette voix féminine. Un large sourire vint illuminer mon visage et je ne pus cacher mon émotion.
_ Maman !
La douce odeur du parfum Kenzo de ma mère vint emplir mes narines tandis qu'elle m'enlaçait tendrement. Je m'accrochais à sa taille presque désespérément. Je n'arrivais pas à croire qu'elle était bel et bien là.
_ Comment as-tu su ? demandais-je tandis qu'elle prenait un siège et s'approchait de mon lit, ma main dans la sienne
_ La production m'a évidemment prévenue mon ange, jamais ils m'auraient mis en dehors de tout ceci. Tu n'es pas encore majeure.
_ Ils t'ont fait signer des papiers ?
_ Un tas ! Mais comme je suis arrivée tôt, j'ai l'honneur d'être la première à pouvoir te rendre visite ce matin, sourit-elle en me caressant la joue. Tu m'as fais une belle frayeur tu sais ?
_ Mon Dieu Maman, je ne savais même pas ce qui m'arrivait, dis-je en baissant les yeux.
_ On m'a tout expliqué. Ne t'en fais pas, tout va bien désormais.
_ Je ne sais même pas comment ça a pu arriver, j'ai pourtant toujours fais très attention mais...
_ Il ne suffit que d'une fois. Laisse, n'essaie pas de te justifier Emma, essayons d'oublier ça d'accord ? On a beaucoup de choses à se dire toi et moi, et peu de temps. Profitons-en, d'accord ?
_ D'accord, répondis-je en serrant sa main plus fort encore.
Nous discutions depuis plus d'une heure avec Maman lorsque les garçons entrèrent dans ma chambre. D'abord surpris de voir une femme qu'ils ne connaissaient pas, il comprirent vite qu'il s'agissait de ma mère et ils furent aux petits soins, autant pour elle que pour moi.
_ Tu nous avais caché que ta mère était très belle Emma, souligna Harry. Normal que tu ne veuilles pas parler de la France !
_ Haha, très drôle, répondis-je cyniquement, avant de réaliser que Harry était jovial avec moi, ce qui enveloppa mon coeur d'une douce chaleur.
_ Je vais devoir y aller ma puce, dit ma mère. J'ai été vraiment contente de te revoir, tu m'avais manqué.
_ A moi aussi Maman... Tu es sûre de ne pas pouvoir rester un peu plus ?
_ Je n'ai pu prendre qu'une demi journée malheureusement, je dois être de retour à Paris pour midi si je veux assister à cette importante conférence.
_ D'accord, répondis-je déçue.
_ Ne t'en fais pas, à peine partie tu n'auras même pas remarqué que je ne suis plus là, dit-elle en m'embrassant le front. Prends soin de toi, ma chérie.
_ Comptez sur nous, dit Zayn en lui faisant un sourire fébrile. Madame Duroy, nous allons prendre soin d'Emma.
_ Je sais que vous le ferez, sourit-elle. Bonne chance à vous six pour le reste de la compétition !
Elle passa le pas de la porte et je sentis comme un poids s'abattre sur mes épaules de nouveau. C'était faux, son absence me pesait déjà.
_ Tu t'es bien reposée Em ? demanda Niall
_ Oui, je suis encore fatiguée mais, ça va, répondis-je
Ils étaient autour du lit, tous les cinq, et me contemplaient. Personne ne savait vraiment quoi dire. Moi-même je ne savais pas. On avait tous eu peur. Il fallait que je leur explique.
« Je pense, oui. Une vraie confiance s'est installée entre nous, lorsqu'on a su qu'on allait passer beaucoup de temps ensemble dans le futur.
_ Parlez moi de cette relation.
_ Elle est juste... inconditionnelle. J'ai rarement connu ça dans ma vie, autrement que dans la famille. D'où mon propos en disant qu'ils étaient une deuxième famille. Ça ne s'explique pas, ça se sent [...] Je ne suis pas du genre à me confier à la première personne venue du coin. J'ai vécu des choses très difficile et je m'en suis sortie grâce à mes amis qui me soutenaient. C'est tout. Et c'est tout ce que vous avez besoin de savoir. Je ne me confierais pas à vous.
Son sourire s'élargit.
_ Je pense que nous avons fini. »
Je compris. Je compris où voulait en venir la psychologue. Elle ne voulait pas que je me confie à elle, elle voulait que je me confie à eux. Je souris, et eut un regard vers le plafond de la salle, tandis que mon coeur recommençait à battre plus rapidement. Mais ça, ils ne pouvaient pas le voir car je n'étais plus branchée à rien. Je remerciais silencieusement la femme avec laquelle j'avais été odieuse. Elle était vraiment douée.
_ Asseyez-vous, dis-je.
Ils s'exécutèrent, prenant place sur les chaises inconfortables de la salle, et Louis resta à côté de moi. Il avait comprit, lui aussi.
_ Je vous dois une explication, commençais-je. J'ai été aussi surprise que vous au début en entendant le verdict du médecin, mais en y réfléchissant, ce n'est plus si étonnant que ça. J'aurais du vous en parler plus tôt. J'aurais du me confier. C'est quelque chose que j'avais l'habitude de faire auparavant, quand j'étais en France, mais ces confidences m'ont écrasées et réduites au silence quand je suis arrivée ici. Aux vues des derniers évènements avec Carl, j'aurais eu tendance à me refermer sur moi-même de nouveau mais, je crois que je dois tirer des leçons de ce qui m'arrive, et l'une d'elle est que je dois vous faire confiance.
Je repris ma respiration, tandis que Louis serrait ma main, m'encourageant à continuer.
_ Je pense qu'il est temps pour vous de connaître ce que j'ai vécu en France, et la raison pour laquelle je suis venue ici, en Angleterre, annonçais-je, déterminée.
Contrairement à la fois où je m'étais confiée à Louis, j'avais réussi à ne pas pleurer. Mes mots avaient franchi la barrière de mes lèvres de manière claire, précise. J'avais l'impression d'être une étrangère qui s'exprimait sans émotion, sans que cela ne la touche. Le seul moment où je du me stopper fut lorsque je racontai la mort de mon Grand-Père. Les flashs en moi étaient trop douloureux, et m'arrachèrent une unique larme, qui roula lentement tandis que je finissais mon récit.
Zayn, Niall, Liam, Harry, Louis m'observaient silencieusement, une part d'eux se demandant sans doute quand est-ce que tout ceci allait cesser. Cette question m'avait traversé l'esprit tant de fois, et pas plus tard qu'hier lors de l'annonce du médecin.
Je serrais les dents. Il n'était plus question de s'apitoyer sur son sort. Je n'avais même plus assez de force pour ça. Désormais, j'étais tournée vers le futur. Hier était hier, et j'attendais demain, et encore après demain, et la journée d'après. Je ne voulais plus avoir peur. L'espoir était la seule émotion plus forte que la peur. Et j'étais pleine d'espoir. Le futur était entre mes mains. Et mon futur, c'était les One Direction.
Ils se rapprochèrent du lit lorsque je finis de raconter la scène avec Carl et Swann dans la chambre, et Liam s'empara d'une de mes mains tandis que Niall essuyait ses larmes. Harry avait enfoui sa tête au creux de mon bras et Zayn me regardait, interdit.
_ Tu as tes secrets, j'avais les miens, soufflais-je dans sa direction, et il cligna des yeux avec lassitude. Ses lèvres étaient sèches, mon souffle était court.
Nous restâmes ainsi une heure peut-être plus. Silencieux, émus. Unis, cependant. Et c'était tout ce qui comptait. Je me sentais lestée d'un poids, d'une manière différente cependant. Je m'étais sentie obligée de le raconter ici, alors qu'avec Louis tout était venu naturellement, car à ce moment là j'en avais eu besoin. Mais, je ne regrettais pas. Je ne regrettais rien.
Je finis par m'endormir, comme les garçons, et Simon vint nous réveiller pour prendre de mes nouvelles. Dereck revint et donna son accord pour que je quitte l'hôpital. Soutenue par Liam et Niall, je quittai ces lieux immaculés et impersonnels qui nous avaient apporté plus que ce que j'aurais imaginé en y arrivant. Le trajet me parut si long que je m'endormis de nouveau sur l'épaule de l'irlandais, et on me soutint encore lorsque j'arrivais à la maison des candidats. Il était aux alentours de dix-huit heures et la nuit était déjà tombée. C'est en passant la porte et en voyant que Matt et Aiden m'attendaient que je compris que je pouvais également compter sur eux, d'une manière différente cependant. Ils me serrèrent dans leurs bras et le reste des candidats s'enquit de ma santé alors que je bredouillais quelques excuses improvisées pour justifier mon séjour à l'hôpital.
J'étais fatiguée et morte de faim. Je m'excusai et montai les escaliers avec difficulté tandis que Simon disait au revoir au reste des candidats, avant de monter dans ma chambre pour me parler en privé.
_ Eh bien Emma, dit-il en fermant la porte, l'air grave. Tu nous as fais une belle frayeur.
_ N'est-ce pas ?
_ Je n'en savais rien.
_ Pas même moi, monsieur.
_ Je ne parlais pas de ta grossesse. Je ne pensais pas que tu avais traversé la mort de ton grand-père, que ton petit ami t'avais trompé ici en Angleterre. Ça, et tout le reste.
_ Ce sont des choses qui arrivent. Ce n'est pas votre rôle d'être au courant de ces choses, répondis-je sur la défensive. Simon avait l'air touché.
_ Je comprends mieux pourquoi tu étais à fleur de peau. Ton émotion en chantant The Lonely. Je n'aurais pas du te brusquer.
_ Vous n'en saviez rien, murmurais-je. Ce qui est fait est fait.
Il hocha la tête, et quitta la pièce. Je me glissais sous les draps, retrouvant le confortable lit dans lequel j'avais passé mes dernières nuits ici. La porte s'ouvrit de nouveau. C'était Harry avec un plat de pâtes pour moi. J'aurais préféré décliner et me coucher tout de suite mais mon ventre sembla plus persévérant et ne rechigna pas à digérer les Carbonaras. Harry était posé sur le coin de mon lit et m'observait silencieusement. Je m'appliquais à me concentrer sur mon plat de pâtes pour éviter de le regarder mais lorsqu'il fut vide, je fus obligée de lui adresser un regard. Ses yeux étaient embués de nouveau.
_ Pourquoi tu pleures ? soufflais-je en lui caressant la joue
Il ferma les yeux et deux larmes roulèrent.
_ Harry, ce n'est pas grave, d'accord ?
_ Comment est-ce que tu peux dire ça ?
_ Mais parce que c'est vrai, souris-je tendrement. J'ai encore mes bras, mes jambes. Je suis en bonne santé et plus que tout, je suis entourée de gens formidables. De quoi pourrais-je me plaindre ?
Il essuya ses larmes et ferma ses iris.
_ Tu sais, je t'en ai voulu comme jamais quand je t'aie vue dans les bras de Liam, et de Zayn. Dans la même journée.
_ Je suis impardonnable Harry. Tu as le droit de me détester.
_ Je ne te déteste pas, souffla-t-il
_ Il n'y a rien entre Liam et moi. Je te jures que ce baiser ne signifiait rien pour nous, c'était comme une preuve immense d'amitié, un électrochoc, un moyen pour moi de lui faire comprendre que j'étais là pour lui. Harry tu aurais vu son regard brisé... ça m'a semblé être le seul moyen pour qu'il oublie la souffrance un moment, même si ce n'était que quelques secondes. Je te jures que je ne voulais pas te faire mal. Je ne voulais pas qu'il souffre...
_ Je sais...
_ Et pour Zayn, il m'a attirée dehors et je me suis stupidement laissée faire. J'ai été charmée par sa brutalité, et franchement, j'ai pété un câble et on s'est embrassés. Ne lui en veux pas Harry. Je suis la seule responsable, bien que je ne regrette rien de ce qui s'est passé entre nous. Mais soyons lucides, je me suis précipitée dans vos bras sans réfléchir, tout ceci est arrivé bien trop tôt. J'ai besoin d'un peu de temps pour moi tu sais. J'ai été longtemps en couple, il faut que je m'habitue à ne plus l'être. Je dois laisser la page se tourner. Avec vous, mais pas comme ça.
Il rouvrit ses yeux et ses pupilles eurent leur effet habituel sur moi. Je restais sous leur charme un moment, me perdant dans leur océan de couleur, avant de regarder vers le sol. Il s'empara de ma main.
_ Tu veux oublier le passé Emma ?
_ Oui.
_ Moi aussi. Oublions ce qui s'est passé.
Surprise, je tournais la tête vers lui. Son visage était grave et sérieux.
_ Sérieusement, oublier ?
_ Parfois c'est plus facile, dit-il en replaçant une boucle derrière mon oreille. Et pour une fois, nous allons choisir la facilité. Faisons comme si je n'avais pas vu ces baisers. Comme si nous n'avions pas été en froid. Quand je t'ai vue étendue sur ce lit Em, j'ai compris que ta présence, sous n'importe quelle forme, était plus importante que le reste. Alors, oublions.
_ D'accord, soufflais-je, avant de prendre doucement son visage entre mes mains et de lui donner un baiser sur la joue. D'accord, répétais-je.
Il s'empara de l'assiette et referma doucement la porte.
_ Bonne nuit Emma.

Une fan de ta fiction , Posté le dimanche 05 août 2012 07:29
J'attend dimanche prochain avec imaptience !
MERCI <3