

Londres
Ok, laissez moi résumer : t-shirts, pulls, jeans, affaires de toilettes...
_ Je suis persuadée d'avoir oublié quelque chose...
_ Tes sous-vêtements ! cria Zayn de la cuisine
_ Ah oui voilà ! Merci Zay' ! lançais-je en attrapant une pile de petites culottes et en les enfournant dans mon sac de voyage fraîchement préparé.
_ Au menu : pancakes à la cannelle, pains au chocolat, jus d'orange pressé maison et cupcakes.
_ Mon Dieu Zayn, si tu n'avais pas fais carrière dans la chanson tu aurais fais un incroyable cuisinier, dis-je en m'asseyant à la table où il avait déjà commencé à tremper son pain au chocolat dans son café noir.
_ Au fait, je t'ai préparé ton Nesquick.
_ C'est toi que j'aurais du épouser, ris-je en buvant une gorgée et en me relaxant sur la chaise confortable, jetant un coup d'oeil à l'appartement du Pakistanais que je connaissais comme ma poche. Il rit de bon coeur.
_ D'ailleurs, ça va toujours vous deux ?
_ Oui, oui ça va même très bien, lançais-je en ne pouvant m'empêcher de me mordiller la lèvre inférieure.
_ C'est quoi ce sourire débile ?
_ Eh ! Je ne te permets pas.
_ C'est pas grave, je me permet. Pourquoi t'as l'air aussi... épanouie Em ? Tu me fais peur là.
_ Toi alors, levais-je les yeux au ciel. Je souris parce que je suis heureuse, c'est tout abruti. On a plus le droit de l'être de nos jours ?
Il haussa les épaules et ricana devant mon air boudeur.
_ Ah, il a de la chance tout de même, de t'avoir.
_ Qui, moi ? lançais-je
_ Non, sa soeur ! T'es bête ou tu le fais exprès Emma ?
_ Tss.
_ Non, je ne pense pas qu'il sache la chance qu'il ait. Tu sais, je m'en voudrais toujours de t'avoir laissé partir le soir de ton anniversaire il y a six ans, quand t'es venue me voir dans cette arrière cuisine pour me dire que tu voulais qu'on tente tous les deux...
_ Zayn, dis pas ça...
_ Non, c'est vrai ! Mais j'étais trop effrayé. Tu méritais quelqu'un de mieux que moi, quelqu'un qui ne t'attirerait pas de problèmes, a cause de qui tu ne serais pas en danger.
_ On en a déjà discuté, tu sais très bien que je ne t'en veux ni pour le râteau, ni pour l'enlèvement. Ça m'a aidé à avancer, l'un comme l'autre.
_ N'empêche que, je me dirais toujours que je suis passé à côté de quelque chose d'exceptionnel, avoua-t-il.
Je souris timidement, sentant mes joues s'empourprer légèrement.
_ Dis toi que grâce à ça, tu peux profiter à fond de ta célébrité. Tu n'imagines pas le nombre de petites culottes que j'ai trouvé dans ta penderie, et ne me fait pas croire qu'elles étaient à toi.
_ Sérieux, combien ?
_ Quatre et demi.
_ Et demi ?
_ Il y en avait une si minuscule et légère que ça ne compte même pas pour une entière.
_ Emma Claire Duroy... rit franchement Zayn. Je savais que tu l'avais oubliée ici celle-ci.
_ Eh ! N'importe quoi, jamais, même pas en rêve ! Je t'interdis. Je n'ose même pas imaginer qui portait ce morceau de tissu.
_ Je ne pourrais pas moi-même répondre à ta question, dit-il en terminant sa tasse de café. Tu ne manges pas plus ?
_ Non, j'ai un brunch de prévu avec Niall et Esther tout à l'heure, et notre Irlandais national ne va pas être content si je ne m'empiffre pas d'un tas de trucs bien gras.
_ Alors tu délaisses mes merveilleux pancakes ? Je suis vexé.
_ Ne le sois pas, ce sont les meilleurs que j'ai jamais mangé, lançais-je en lui faisant un baiser sur le front avant d'aller dans l'entrée enfiler une paire de chaussures. C'est gentil de m'avoir hébergée cette semaine, vu que vous étiez à San Fransisco c'était chaud de trouver un logement. Pendant que vous étiez en Amérique j'ai prit l'initiative de ranger un peu tes affaires parce que putain...
_ La maison est toujours en travaux ?
_ Oui, heureusement que je suis patiente parce que le délai est déjà dépassé de deux semaines. Mais ils ont promis que d'ici dix jours tout serait terminé.
_ Et tu me quitteras alors ?
_ Je me barrerais, ouais ! Bye bye Em, celle qui t'empêche de ramener tes coups d'un soir à ton appartement.
_ Oh damn, vivement.
Je lui administrait un coup de poing amical sur le bras et m'étirai longuement, la matinée ayant déjà été longue.
_ Alors voilà un double des clés, annonça l'anglopakistanais en me lançant un jeu. Il faut que tu me rendes les principales, je vais en avoir besoin. Tu récupères ton sac à quelle heure ?
_ Avant de prendre le train, sachant que je dois être à St Pancras a... 17h12. Donc en gros en fin d'après midi quoi. Tu y vas comment toi ?
_ Jet privé chérie, qu'est-ce que tu crois...
_ Pardon, question idiote.
_ Sérieusement, j'y vais en avion, j'aurais seulement vingt minutes de trajet.
_ C'est ça de faire parti des One Direction, on claque des doigts et le monde nous appartient.
_ Je te signale que tu aurais pu faire parti de l'aventure, c'est toi qui est partie.
_ Je ne regrette pas mon choix et, vous pouvez d'ailleurs me remercier ! Ce que j'ai fais était très intelligent, merde. Et je te ferais remarquer que paradoxalement, je suis partie mais je ne vous ai jamais quittés, dis-je en enfilant un blazer bleu marine et un foulard coloré, cadeau de Liam pour mes vingt et un ans.
_ Et je ne sais pas comment j'aurais fait sans une petite Em dans ma vie, souffla Zayn en me serrant dans ses bras. Allez file, tu passeras le bonjour à Esther de ma part !
_ Promis ! lançais-je en lui faisant un signe et en dévalant l'escalier qui me mena au rez-de-chaussée. Je fis tinter mes clés et ouvrit la voiture qui m'attendait dehors, une magnifique Audi noire que je m'étais achetée il y a deux ans, lorsque j'avais enfin décroché mon permis de conduire en Angleterre.
Les garçons étaient partis une semaine en Amérique pour les quelques dates qu'ils devaient faire là bas. Leur succès mondial les avaient hissé en haut des tabloïds. En l'espace de six ans ils avaient détrôné tous les boybands de la Terre et étaient désormais adulés par des millions de jeunes filles. Adoration dont les célibataires, comme par exemple Zayn, jouissaient sans ménagement. On leur avait prédit une fin rapide après leur fulgurante ascension où en l'espace d'un an ils étaient devenus N°1 mondiaux. Leurs premiers albums plutôt commerciaux avaient laissé place à une véritable recherche musicale et depuis, on les prenait vraiment au sérieux. C'était ce revirement artistique qui les hissait aujourd'hui encore dans les groupes les plus connus de la Terre. Le dernier opus avait été entièrement écrit par les garçons et c'était sans aucune hésitation mon préféré : les chansons étaient vraies, autobiographiques pour la plupart et n'avaient rien de commercial. Leur style avait simplement évolué et ils avaient mûri devant des millions de fans. Devant mes yeux.
Je garai la voiture en créneau approximatif et me dirigea vers le restaurant où j'avais rendez-vous avec Niall et Esther. L'heureux couple discutait, assis sur une banquette en cuir et si j'en croyais leurs yeux brillants et leurs regards amoureux, la nuit dernière avait sans doute été blanche pour fêter le retour de Niall.
_ Salut les amoureux ! lançais-je en me penchant pour les embrasser chacun leur tour. Ça fais plaisir de te revoir Nialler !
_ Oh tu finis par être habituée à nous voir partir comme ça, non ?
_ On s'habitue jamais à être loin de ceux que l'on aime amour, dit la métisse en croquant dans une tranche de bacon grillée.
_ Je ne te le fais pas dire Ess. Justement, la prochaine fois, venez avec nous !
_ Tu dis ça à chaque fois, ris-je. Niall faut pas que tu oublies qu'on a des jobs et que nos emplois du temps ne peuvent pas se déformer à notre -votre- guise...
_ Je sais, râla-t-il. Vous êtes pénibles à vouloir travailler aussi.
_ Eh, tu crois vraiment que je vais te laisser m'entretenir ? s'insurgea Esther. Si un jour on se sépare, je ne veux pas que...
_ On ne se séparera pas, affirma le blond.
_ T'en sais rien.
_ Si, je sais que je t'aime et ça veut tout dire, t'es pas d'accord Em ?
_ Oh ne me prenez pas à témoin dans vos tergiversations dégoulinantes d'amour, je ne veux rien avoir à faire avec ça. Et d'ailleurs je suis d'accord avec Esther, pas sur la partie où vous ne finirez pas ensemble mais sur le fait d'être ou ne pas être entretenue.
_ Ah les filles de nos jours, c'est plus ce que c'était... soupira avec lassitude Niall en commandant un Nandos, bien qu'on soit dans un restaurant plutôt chic et que la nourriture que demandait la star mondiale semblait manquer au vocabulaire du serveur.
_ Tu sais quoi on va te trouver une grosse rousse Irlandaise avec une poitrine opulente, pleins de tâches de rousseurs et pas épilée que tu devras entretenir, ce sera les femmes d'avant et comme ça tu seras content, déclara Esther.
Je ris de bon coeur, alors que le blond faisait taire sa compagne en l'embrassant.
_ Je vois que tu as bien prit soin d'Esther pendant mon absence Emma, merci, lança-t-il ironiquement.
_ A ton service, ça a été un plaisir.
Les yeux bleus décrivirent un arc dans le ciel avant de s'abattre sur mon assiette encore vide.
_ Tu ne manges pas ?
_ Oh j'ai pas si faim que ça, Zayn m'a préparé un bon petit déjeuner ce matin et j'avoue avoir peut-être été un peu trop enthousiaste...
_ T'abuses Em, tu savais qu'on bruncherait !
_ Mais il avait fait des pancakes à la cannelle !
_ Oh, dans ce cas... t'es à demi excusée. Il ne me fait jamais de pancakes à la cannelle moi, fronça-t-il des sourcils.
Nous discutâmes pendant deux heures, comme de vieux amis. Parfois le temps d'X Factor venait dans la conversation, quand Esther faisait encore partie des Belle-Amie. Le groupe avait implosé quelques temps après la fin de l'émission, ça avait commencé avec Geneva qui avait décidé de se la jouer solo, estimant que son futur n'était pas avec Sophia, Esther et Rebecca. Puis Rebecca avait décidé de faire la même chose un an et demi après, et le groupe n'avait plus existé depuis, malgré la sortie de leur single ''Girls Up''. Depuis, Esther avait reprit ses études et avait été diplômée dans la mode. Assistant a de nombreux tapis rouges et soirées grâce a sa relation avec Niall, elle était en train de se constituer un bon carnet d'adresses et de recommandations. Pour le moment elle travaille en collaboration avec une grande marque britannique mais elle espère bientôt lancer sa propre marque, dans les années à venir.
_ Quelle heure est-il ? demandais-je en finissant mon verre de jus d'orange
_ 14h03, répondit Esther.
_ Je vais devoir y aller, j'ai un rendez-vous important.
_ De quoi s'agit-il ?
_ De ma première interview en vue du documentaire qu'ils veulent tourner sur moi. D'ailleurs, l'équipe vous contactera à un moment ou a un autre de l'année, je ne sais pas encore quand.
_ Pas de soucis, répondit Niall, t'as bien été là pour A Year in the Making alors, avec plaisir pour ton propre documentaire. Je ne savais pas que tu commençais aujourd'hui !
_ Eh bien honey, tu ne serais pas parti une semaine tu l'aurais su.
_ Fuck-off Em.
_ Je vais donc y aller, dis-je en ramassant mon portable et en enroulant autour de mon cou de nouveau le magnifique foulard Hermès que Liam m'avait offert.
_ Au fait, tu seras là à quelle heure pour ce soir ?
_ Étant donné que je n'ai pas de jet privé mon coeur, je pense arriver vers 18h30.
_ Personne ne t'a proposé de le prendre avec nous ?
_ C'est pas la question, je ne sais pas combien de temps durera l'interview.
_ Ok alors, à ce soir little Em !
J'embrassai chaleureusement les deux amoureux, et dit au revoir à Esther que je ne reverrais pas avant la semaine prochaine. Voyant l'importante circulation, je décidai de me rendre à l'hôtel où j'avais rendez-vous par le métro, bien plus rapide à mon goût. M'affublant de lunette de soleil de manière à ce qu'on ne me reconnaisse pas, je me laissais emporter par le flot de voyageurs et touristes qui parcouraient la ville.
Faisant tinter le talon de mes bottines sur la carrelage en marbre de la réception, on m'accompagna là où Kristin Edwards m'attendait, entourée de cameramen et de toute une équipe de production. Elle me salua chaleureusement et on m'entraîna à la salle de maquillage et de coiffure où on prit soin de moi tandis que je lisais une revue féminine. Une bonne demi heure plus tard, alors qu'on m'avait exceptionnellement lissé les cheveux et que j'étais parfaitement et très naturellement maquillée, je m'installai sur un confortable fauteuil où les techniciens réglaient les derniers détails de cadrage.
_ Pas trop tendue Emma ?
_ Non, du tout, excitée plutôt !
_ Est-ce que ça tourne ?
_ Depuis cinq secondes, répondit l'un des hommes.
_ Alors Emma, sachez que mes paroles n'apparaîtrons pas dans le documentaire final, je vais simplement essayer de vous guider en vous posant des questions. Si vous voulez supprimer certains moments de cette interview, signalez-le et on les coupera au montage.
_ D'accord, parfait, souris-je. Merci Kristin.
_ On va commencer alors. Rappelez-nous votre parcours.
Je pris une longue inspiration et fixai la caméra, réfléchissant à comment amorcer ma réponse.
_ J'avais seize ans quand j'ai fait cette audition à X Factor. J'étais en Angleterre depuis plusieurs semaines à ce moment là, dans le cadre d'un organisme qui me permettait de passer un an dans un pays étranger. La jeune fille chez qui j'étais hébergée m'avait poussé à me présenter. Honnêtement je ne m'étais pas attendue à passer du premier coup...
_ Là on passera votre première audition, m'informa Krsitin.
_ Les étapes se sont enchaînées. Le bootcamp, l'épreuve de danse, le solo... Et puis l'annonce que l'aventure s'arrêtait ici pour moi, n'ayant pas été choisie pour la maison des juges. J'ai attendu plusieurs heures avec les autres filles, et à un moment un homme est venu nous appeler, les Belle Amie et moi. Je pensais sincèrement que j'allais rester avec les filles et puis Simon m'a demandé d'aller rejoindre le groupe de garçons de l'autre côté de la scène. Et c'est finalement là que tout a véritablement commencé.
_ On va faire une pause, sourit Krsitin.
La caméra coupa et les maquilleurs fondirent sur moi pour les raccords nécessaires.
_ Vous vous débrouillez très bien, souligna l'interviewer. Allez-y, parlez de la mise en forme des One Direction.
_ J'étais avec ces cinq garçons absolument adorables, et Harry avait proposé de passer une semaine ensemble au Bungalow de son beau père dans le Cheschire pour mieux faire connaissance et préparer notre interprétation pour la maison des juges. On s'est tous tout de suite entendus, malgré nos différences. Il y avait une sorte d'alchimie entre nous. J'avoue que le début a été difficile avec Zayn, car je ne supportais pas son air mystérieux et Louis et moi nous sommes disputés quelques fois également, car il me trouvait trop secrète. J'avais effectivement plusieurs choses à cacher, un passé que je ne voulais dévoiler à personne, par peur d'être jugée ou d'être traitée différemment des autres. De plus, on ne se connaissait pas depuis très longtemps.
_ Quand avez vous commencé à être véritablement un groupe ?
_ Le commencement véritable des One Direction a été à notre prestation devant Simon Cowel et Sinitta. Quand on a tous chanté ensemble pour la première fois. Et puis on a eu la chance d'évoluer tous ensemble et de grandir, non seulement en tant que groupe mais également en tant qu'amis. Plus les semaines passaient, plus nos vies devenaient compliquées et plus les uns et les autres étaient là pour se soutenir. J'ai traversé des épreuves absolument terrifiantes, notamment un déni de grossesse qui s'est soldé par une fausse couche, un enlèvement... ils ont toujours été là pour moi. Ils m'ont aidé, soutenue, défendue envers et contre tous, notamment la presse qui créait de véritables tensions. Je leur doit véritablement tout.
_ Donc on sait que vous n'avez pas gagné X Factor, mais Simon avait d'autres projets pour vous. Pourquoi avoir décidé de quitter le groupe ?
_ Ça n'a pas été une décision facile à prendre. Il n'y avait pas que la carrière des garçons en jeux, il y avait d'autres choses plus profondes, des sentiments enfouis. Vous devez savoir que quand on est enfermé 24h/24, 7j/7 avec les même personnes, des relations fortes se créent, davantage encore quand on travaille ensemble. J'étais la seule fille et à un moment donné, des sentiments sont nés entre moi et certains garçons. Alors bien sur, les hormones devaient y être pour quelque chose et après avoir vécu des moments pas forcément très faciles, car ils se sont soldés par de la souffrance, une idée m'a traversé la tête. J'avais été à l'origine d'une profonde discorde dans le groupe, en particulier à cause de ma rupture difficile avec Carl Piettering et à cause de moi, il y a eu de profondes tensions. J'ai assumé mes erreurs et en ai endossé l'entière responsabilité de ce que j'avais fait. Au final, on m'a demandé de choisir l'un d'eux, pour le bien du groupe.
_ Comment avez-vous vécu ce choix ?
_ Très mal. C'était difficile de briser un coeur. Alors, j'ai décidé de briser le miens à la place.
_ En quittant le groupe ?
_ Exactement. J'ai eu cette discussion avec Simon Cowel, où j'ai du le convaincre de l'importance pour moi de quitter le groupe. Je recevais bien trop de haine de la part des fans, qui me voyaient comme l'intrus, celle qui faisait souffrir les garçons. J'ai pensé à l'idée de partir, pour leur laisser une chance de devenir connus mondialement en tant qu'un boyband. Je m'étais toujours sentie à ma place dans les One Direction mais, soyons honnête, jamais ils ne seraient allé aussi loin si j'étais restée avec eux.
_ Vous le pensez sincèrement ?
La question n'avait plus rien à voir avec l'interview, Krsitin Edwards s'adressait directement à moi.
_ Oui.
_ Et eux, comment ont-ils vécu votre départ ?
_ Extrêmement mal. Ils m'en ont voulu, n'ont jamais comprit. Je leur ai rendu un grand service en leur offrant l'opportunité de devenir ce qu'ils sont aujourd'hui, et malgré les six ans qui se sont écoulés, il y a toujours une certaine rancoeur à ce sujet là. Nous avions été six, les One Direction n'auraient jamais été pareils si je partais. J'avoue avoir failli faire demi tour et annuler tout mais, je savais que c'était la meilleure chose à faire pour tout le monde et notamment pour moi. Avec mon lourd passé, je savais que si je devenais connue avec eux, des morceaux de mon histoire seraient dévoilés au public et que le groupe en paierait le prix fort.
_ Est-ce que vous saviez à ce moment là ce que vous vouliez faire du reste de votre vie ?
_ Je n'en avais pas la moindre idée. Je suis restée avec eux. Comme je le disais à Zayn pas plus tard que ce matin, aussi paradoxal que ça puisse être, je suis partie mais je ne les ai jamais quittés. Si je l'avais voulu, je n'aurais pas pu, ma vie était à leurs côtés, je le savais. Oh ça peut très bien faire cliché dit comme ça mais, quand on a trouvé ce qui nous rend heureuse, les gens avec qui on est nous-même, on ne peut simplement plus s'en défaire. Alors j'ai commencé à écrire un peu, comme j'en avais l'habitude quand j'étais plus petite. Je racontais nos voyages en Suède pour leur album, nos blagues, nos heures passées à discuter. Je crois que je cherchais encore qui j'étais, et puis l'idée m'est venue de raconter mon histoire. J'ai comprit que ce serai le seul moyen pour tirer un trait sur tout ce qui s'était passé et pour enfin trouver qui j'étais. C'est comme ça qu'est né Already Torn.
_ Dans votre livre vous dévoilez les moindres détails de votre passé, présent et même futur. Pourquoi avoir choisi d'ouvrir un pan de votre vie privée au public ?
_ Je savais qu'un jour ou l'autre, tout ceci serait dévoilé. Il ne suffisait pas de chercher beaucoup pour faire remonter à la surface ce que je m'étais tuée à cacher. Je préférais que mon histoire vienne de moi, que l'on ai ma propre version des faits. Et puis, comme je l'ai dis précédemment, j'avais besoin de retrouver qui j'étais et pour ça, il fallait que je me replonge dans ce que j'avais été. Pour avancer, vous voyez ?
_ Comment avez-vous vécu les réactions par rapport à votre livre ?
_ Mal, bien... il y avait de tout, alors j'ai tout vécu. L'humiliation quand on m'a traité de pute, la compassion quand des centaines de jeunes filles m'ont dit qu'elles avaient vécu quelque chose de similaire, de la gratitude face aux gens qui ont comprit où je voulais en venir...
_ Pensiez vous que ce serait le Best-Seller de l'année 2012 ?
_ Je n'aurais jamais cru. Mon éditeur m'avait prévenu qu'étant donné ma relation avec le groupe et leur soudaine célébrité, je devais m'attendre à tout mais honnêtement, je ne pensais pas que des centaines de milliers d'exemplaires seraient vendus. Ce livre n'est pas seulement mon histoire, c'est aussi celle des garçons et je pense que son succès vient de là aussi. Je raconte la formation du groupe, nos disputes, nos crises de rire, on entre dans l'intimité des One Direction.
_ Les garçons étaient d'accord pour que vous dévoiliez cet ouvrage ?
_ Ils m'ont poussé à le faire connaître, c'est même Liam qui m'a obtenu un rendez-vous avec l'éditeur.
Elle hocha la tête, en souriant.
_ On sait que Zayn Malik a fait deux mois en maison de redressement pour avoir avoué ses erreurs passées.
_ Zayn a fait le choix de tout raconter à la police, à ce moment là ça aurait pu aider pour me retrouver. Mais au delà de ce sacrifice, une part de lui ne pouvait plus vivre avec ça. Ses secrets devaient être révélés pour qu'il puisse tourner la page, alors il a choisi de le dévoiler.
_ Avez vous été présente ?
_ Malgré nos différences, c'était nos passés qui nous avaient rapproché. J'ai vécu une période similaire à la sienne alors je l'ai épaulé dès que j'ai su pour sa décision, et tout le long du procès et de son incarcération. Chacun de nous l'a fait. Ça a été une épreuve difficile, surtout pour lui mais, on s'en est sorti depuis.
_ Je pense que nous avons terminé, annonça-t-elle. Peut-être sera-t-il nécessaire de vous revoir de nouveau, s'il manque quelques commentaires au montage. Est-ce que vos proches ont accepté de témoigner également ?
_ La plupart oui.
_ Parfait, merci beaucoup madame...
_ Oh non pitié, appelez moi Emma, je n'ai que 23 ans.
_ Merci beaucoup, Emma, dit Kristin en me serrant chaleureusement la main.
Je sortis de l'hôtel et regardai l'heure à mon portable : 16h03. J'avais une bonne heure avant que mon train n'entre en gare. Je repris le métro et m'installai à ma voiture, que je fis démarrer en trombe. Je n'aurais pas beaucoup de temps. Après une bonne vingtaine de minutes dans les bouchons, j'arrivais enfin à la maison. Celle-ci était toujours en travaux mais j'avais les clés pour aller voir l'avancement de ceux-ci quand je le voulais. Lorsque j'entrais un joyeux brouhaha régnait à l'étage et je vins distribuer le café que j'avais acheté au Starbuck à côté pour encourager les ouvriers. Il ne restait plus que les peintures et les poses de parquets, ainsi que le ménage et la maison serait prête.
Une magnifique propriété de 300m2 en pleine périphérie du centre de Londres, un véritable dont du ciel. A seulement un quart d'heure à pied des appartements du reste du groupe, nous ne pouvions pas rêver mieux. Je descendis à ce qui serait la future entrée et remarquai un détail qui m'avait échappé. Un cadre avait été posé sur le buffet. Je le prit dans mes mains et caressa doucement la photo, en souriant. Il était donc passé aujourd'hui, avant de partir au bungalow en jet privé. Et il avait amené notre photo de mariage.

_ Esther, tu peux me trouver mes chaussures ? m'écriais-je, courant dans toute l'appartement.
_ Mais je sais pas où elles sont !
_ Eh bah tu les trouves ! Gaby, lâche ton portable cinq secondes s'il te plaît...
_ Roh, tu m'emmerdes.
Je lui attrapais son blackberry et le laissai glisser dans mon décolleté de robe de mariée.
_ Putain Emma, tu as foutu plein de fond de teint dessus ! s'écria la blonde.
_ Oups.
_ Vraiment t'es chiante, heureusement que c'est ton mariage et que ça excuse tes méchancetés. Je suis sympa d'avoir accepté d'être ta demoiselle d'honneur.
_ Tu rigoles, accepté ? Comme si je te l'avais demandé, tu m'as suppliée ouais !
_ Chut, je veux pas qu'Esther le sache, me dit-elle en faisant les gros yeux.
Justement, l'intéressée arriva, une paire d'escarpins couleur nude dans ses mains.
_ God bless you Ess, tu me sauves la vie.
_ Ouais c'est ça. Lottie, tu viens m'aider avec la traîne ?
La magnifique soeur de Louis accourut, essayant de replacer l'étoffe de manière ordonnée.
_ Tu es magnifique Emma, souffla Gemma, la grande soeur de Harry en me regardant tendrement.
_ Ouais ! s'exclama Safa, la plus petite des soeurs de Zayn qui regardait avec envie ma robe.
_ Et vous êtes les belles-s½urs les plus adorables du monde, murmurais-je en souriant pour la première fois de la journée.
_ Mon Dieu, ça y est, on a eu un sourire, la journée n'est pas perdue ! s'exclama Gabrielle en levant les yeux au ciel.
_ Je vais te taper toi hein, arrête.
Toutes les filles rirent de bon c½ur. J'étais peut-être sincère mais j'exagérais mon côté capricieux en ce jour si spécial, parce que je savais que ça les amusait plus qu'autre chose. On avait beau dire, tout était permit le jour de notre mariage. Je jetai un coup d'½il à mon reflet dans le miroir.
Ma robe comportait un bustier qui ressemblait légèrement à un coeur, brodé de fils nacrés qui scintillaient en cette magnifique journée de mai. Un voile en soie recouvrait mes jambes, laissant à peine apparaître mes petits pieds chaussés dans des escarpins discrets et affreusement hauts. La traîne brillait par sa simplicité. Mon fiancé et moi-même avions fait appel aux stylistes les plus en vogue en France, et la robe était un cadeau de ma mère et de Dereck.
Mes cheveux avaient été lâchés naturellement, laissant mes boucles libres. Ils étaient simplement élégamment relevés par un serre-tête discret. Je ne portais pas de bijoux, seulement des perles aux oreilles et ma splendide bague de fiançailles. Ma robe me faisait une taille de guêpe -merci le fabuleux corset- et le tout était largement à la hauteur de mes espérances.
Tout le monde avait quitté la pièce, à l'exception de Gabrielle et Esther. Il y avait également une petite fille noire dans un coin de la pièce qui jouait avec un panier rempli de pétales de roses blanches.
_ Tu viens Josepha ?
A l'entente de ma voix, l'enfant de cinq ans se leva et me sourit, prenant la main que je lui tendais. Je m'accroupis à sa hauteur et colla mon front contre le sien, alors que ses yeux riaient.
_ Pas de bêtise, hein Joe ?
_ Promis Emma.
_ Bon. Tu es la plus belle fille de la soirée, j'espère que tu es au courant que je ne t'arrive même pas à la cheville ?
La petite pouffa.
_ C'est pas vrai rande soeur.
_ Eh si mon coeur. Je me damnerai pour être aussi jolie que toi, dis-je en lui embrassant tendrement le front.
_ Je vous dérange ? souffla ma mère, ayant assisté à la scène par l'entrebâillement de la porte.
Je relevais les yeux et rendit le sourire ému que nous avait envoyé ma mère à Josepha et moi. Elle était ma petite soeur d'adoption depuis désormais cinq ans. Maman et Dereck ne pouvant plus avoir d'enfants avaient décidé d'adopter un bébé et c'est le 5 avril 2011 que j'avais assisté à la descente de l'avion de ma mère et son compagnon, tenant dans leurs bras le plus beau bébé du monde. Malgré ma célébrité, j'avais réussi à être très présente pour voir grandir ma petite soeur, faisant chaque semaine l'aller-retour en avion pour passer du temps avec elle et ma nouvelle famille.
_ Josepha tu viens, on va laisser Emma finir de se préparer.
L'enfant quitta mes mains non sans m'avoir claqué un baiser baveux sur le nez auparavant et vint se nicher entre les jambes de ma mère, fourrant ses doigts dans sa bouche et observant le sublime cadre dans lequel elle se tenait.
_ Tu es sublime ma chérie, murmura ma mère avant d'exploser en sanglots.
_ Oh Maman, non, dis-je en accourant et en la prenant dans mes bras.
_ C'est juste que, sanglota ma mère, je suis trop émotive, ça me met dans tous mes états de te voir dans cette robe, savoir que tu vas te marier dans quelques minutes...
_ Oh si ce n'est que ça, je vais à l'autel en porte-jarretelles, souris-je en essuyant patiemment les larmes qui coulaient des yeux verts de ma mère.
_ Dis pas de bêtises, rit-elle. Je suis fière de toi mon coeur, dit-elle en essuyant prestemment les perles salées qui coulaient encore de ses joues. Je suis ridicule...
_ Non, c'est un grand jour pour tout le monde, je comprends Mam's.
_ J'aurais aimé que Papy Joe soit là, dit-elle.
_ Mais il est là Maman. Il ne nous quitte jamais.
_ Est-ce que tout est prêt ? demandais-je, vérifiant une dernière fois mon reflet dans le miroir.
_ Niall m'a envoyé un texto en disant qu'il ne manquait plus que la mariée, répondit Esther.
_ Ok, soufflais-je nerveusement, marchant vers la sortie de la chambre.
Mon corset m'empêchait de respirer convenablement, et mon coeur tambourinait trop fort contre ma poitrine. J'avais l'impression que marcher simplement jusqu'à l'église serait un effort insurmontable, d'autant plus que mes jambes tremblaient incontrôlablement.
_ File-moi ton portable, dis-je prestement à Esther alors que nous arrivions presque à l'église en voiture.
_ Quoi ?
_ Donne-le moi s'il te plaît !
Elle s'exécuta sans broncher. Je composai sans hésiter le numéro et après seulement un timbre, j'entendis sa voix au bout du fil :
_ Emma qu'est-ce que tu fous ?
_ Je suis là.
_ On attends plus que toi, je crois qu'il va finir par se tirer une balle.
_ Je sais. Sors.
_ Pardon ?
_ J'ai besoin de toi, s'il te plaît. Rejoins moi devant les portes.
_ Emma t'es sérieuse là ?
_ Je t'en prie...
A l'intonation désespérée de ma dernière phrase, je l'entendis soupirer et raccrocher.
_ Qui c'était ? demanda Gabrielle.
Je n'eus pas le temps de répondre, car nous venions d'arriver. J'essuyais mes mains moites contre la soie, essayant de maîtriser les battements désordonnés de mon coeur. Esther et Gabrielle étaient à ma suite, alors que le reste de mes autres demoiselles d'honneur m'attendait devant les imposantes portes en bois de l'église. Elles se mirent en rang par taille, de la plus petite à la plus grande, et j'entendis la musique démarrer et les portes s'ouvrir. Les soeurs de Liam, Zayn, Harry et Louis avancèrent solennellement vers l'hôtel, aux bras de leurs frères pour certaines, des meilleurs amis du marié pour d'autres. Gabrielle me lança un dernier regard soupçonneux avant de se retourner définitivement et de finir le cortège. Et enfin, il arriva.
_ Harry, soufflais-je.
Il m'enlaça tendrement, et son étreinte me rassura, me détendit. A tel point que respirer ne me faisait plus souffrir.
_ Qu'est-ce qui te prends Emma ? Louis est à l'intérieur, il t'attend.
_ Tout va bien, souris-je. Laisse moi juste souffler quelques secondes avant de sauter dans le grand bain.
_ Pourquoi est-ce que tu m'as appelée ?
_ Ça va te sembler stupide, rougis-je, mais... je n'ai personne pour m'accompagner à l'hôtel. Papy Joe m'avait promit de m'y emmener et...
Je dus me stopper un instant, sentant ma gorge se gonfler d'émotion. Les yeux de Harry brillèrent et il esquissa un sourire flatté.
_ Et tu voudrais que ce soit moi Emma ? demanda-t-il doucement.
Je hochais la tête, émue.
_ Dereck m'a proposé, Liam, Niall, Zayn aussi mais... j'ai jamais osé te le demander. Je voulais que ce soit toi, mais j'avais peur que tu refuses, que tu trouves ça inapproprié.
_ Jamais, murmura-t-il. Et tu fais de moi le plus heureux des hommes, même si ce n'est pas moi qui t'épouse aujourd'hui, dit-il en m'embrassant tendrement la joue. Prête ?
_ Maintenant, oui, souris-je en posant ma main sur le bras qu'il m'offrait.
Alors, le moment magique dont j'avais rêvé s'exauça. Marcher ne me faisait plus souffrir, respirer me faisait sentir vivante, alors que j'avançais vers l'autel, les yeux emplis d'étoiles filantes. Elles plongèrent dans les yeux lagons lorsque j'arrivais à la hauteur de Louis. Mon coeur eut un raté. Il était éblouissant. Nous échangeâmes un petit sourire timide, avant de nous retourner vers le prêtre qui commença la cérémonie. Après quelques psaumes et prières, l'homme d'église nous demanda d'échanger nos voeux. La voix de Louis brisa le silence dans l'église.
_ Emma, murmura-t-il, la voix légèrement rouée d'émotion. Je ne sais pas si tu te souviens de notre première rencontre. C'était juste après ta prestation au bootcamp à X Factor, tu étais partie en courant et je t'avais vue filer devant mes yeux, en pleurs. Je t'ai trouvée peu après seule, assise, la tête entre les mains. Et je me souviens m'être dit à ce moment là que, peu importe ce que j'aurais à affronter pour toi, peu importe qui tu étais, ce que tu voulais, d'où tu venais, je voulais être à tes côtés. De n'importe quelle façon. Et aujourd'hui, j'honore ma promesse de la plus belle des manières, finit-il en me prenant la main.
_ Louis, soufflais-je. Tu as été le premier dans beaucoup de circonstances. Le premier qui m'ait secourue, le premier qui m'ait poussée dans mes retranchements, qui m'ait faite sortir de ma zone de confort, le premier a qui j'ai raconté mon passé... Alors j'aimerais que tu sois le dernier, désormais. Le dernier qui me tiendra dans ses bras, le dernier qui me chuchotera que tout va bien, le dernier qui embrassera mes lèvres... Le dernier homme dans ma vie.
_ On est mariés. Tu y crois à ça ? chuchota-t-il à mon oreille, tandis que nous dansions lentement au centre de la salle.
_ J'ai du mal, dis-je en jetant un coup d'oeil à mon alliance qui scintillait dans le noir.
Dans ses bras, j'étais bien. Ça faisait longtemps que j'étais bien d'ailleurs. La vie qui suivait son cours, mon projet d'écrire mon histoire, le soutient des garçons, le fait que j'ai tourné la page depuis plusieurs années désormais... Nous avions une belle vie. Malgré les fans parfois oppressantes. Malgré la haine. Car quand j'échangeais un regard avec Louis, je savais que tout allait bien. Quand j'échangeais un regard avec n'importe lequel des garçons, en fait.
La musique cessa et je sentis les lèvres de Louis contre les miennes, le temps d'une fraction de secondes. Nous échangeâmes un sourire. Complice.
_ Je reviens, soufflais-je en faisant voler le tissu de ma robe de soirée que j'avais passée pour la nuit, ne voulant pas salir davantage pas robe de mariée. Cette nuit de mai était fraîche et je frissonnai dans la nuit, marchant lentement le long de l'allée qui me séparait du château où la fête battait son plein à l'intérieur. Quelques centaines d'invités, dont plus de la moitié m'était inconnue. De la famille de Louis ou des garçons, les manageurs, le staff, les maquilleuses, coiffeuses que je ne connaissais pas mais, qui passaient sans doute la plus belle soirée de leur vie. Moi aussi.
J'arrivais enfin à l'endroit que je cherchais. En faisant le tour du parc avec Louis la semaine dernière, nous avions repéré un petit étang illuminé, entouré d'un tas d'arbres et de verdure, l'accès y étant quasi impossible sans connaître précisément l'itinéraire. Mais je l'avais trouvé. Et visiblement, quelqu'un d'autre aussi...
_ Je pensais être le seul à connaître ce coin là, murmura Harry en levant ses yeux vers mon visage, un sourire serein aux lèvres. Mais j'aurais du me douter que tu viendrais ici.
_ Tu me connais trop bien Haz'.
_ Toi et tes besoins de t'éclipser en plein milieu d'une soirée, c'est devenu légendaire. Et puis une part de moi espérait que tu viendrais ici en même temps que moi.
_ Pourquoi ? lançais-je en m'asseyant à ses côtés, sur le banc qui surplombait le petit étang éclairé.
_ Je sais pas. Pour parler... être juste nous deux. Comme avant.
_ Avant... soufflais-je, frissonnant après un coup de vent glacial.
Il enleva son blazer bleu marine, le déposa sur mes épaules et je le gratifiai d'un sourire reconnaissant.
_ Parfois. Et toi ?
Je ne répondis pas.
_ Tu sais Em, je n'ai jamais voulu que tu te sentes trahie. Quand tu as choisi de quitter le groupe, c'est à ce moment que j'ai compris. J'ai su que tu étais capable de tous nous quitter pour qu'aucun de nous ne souffre.
_ Harry...
_ Non, c'est vrai, je voulais pas que tu partes. Je préférais être le second à tes côtés que de ne plus être à tes côtés du tout.
_ C'est pour ça que tu t'es mis avec cette fille Hazza ? Que tu as clamé à l'Angleterre entière que c'était ta copine, que j'ai appris ça dans les journaux ? Pour que je revienne ? Et pour finalement rompre un mois plus tard ?
_ Je me suis dis que s'il n'y avait plus d'obstacle entre toi et Louis, tu nous reviendrais.
Il laissa planer dans l'air sa dernière phrase. Moi, j'étais à moitié sous le choc. Parce que je savais plus ou moins, parce que je l'avais deviné depuis longtemps.
_ Tu n'as pas eu à faire de choix, de cette manière, conclut-il simplement en haussant les épaules.
Je fermais les yeux un instant.
_ T'es pas obligée de répondre tu sais, dit-il.
Je souris faiblement.
_ Mais je serais soulagé si tu disais quelque chose, avoua-t-il, me faisant allonger un peu plus le sourire que j'avais collé à mes lèvres.
_ Merci, soufflais-je.
_ Pourquoi ?
_ Merci, c'est tout.

Je reposais le cadre sur le buffet, caressant le Louis figé de la photo du bout des doigts. Il m'avait manqué. J'avais hâte de le retrouver ce soir chez Harry. En fait j'avais hâte de revoir tout le monde. Mais, mon mari plus particulièrement.
Soudain, mon portable vibra dans mon sac et je m'empressais de répondre.
_ Allo ?
_ Salut Sweetheart, c'est Liam !
_ Liaaam, ça va ?
_ Fatigué avec le décalage horaire mais, ça va.
_ T'es avec Danielle ?
_ Oui, elle me dit de t'embrasser.
_ Dis lui que je l'embrasse aussi !
J'entendis Liam passer le message et la porte claquer après le bruit d'une réponse.
_ Il se passe quoi ? demandais-je en sortant de la maison et en me dirigeant vers ma voiture.
_ Rien, elle se prépare pour sa soirée ce soir, elle travaille.
_ C'est dommage...
_ Pas tant que ça, c'est pas comme si de toute manière on aurait pu passer la nuit ensemble.
_ Il est à quelle heure ton train au fait Em ?
_ 17h12 il me semble...
_ Tu plaisantes j'espère.
_ Non, pourquoi ? demandais-je en accrochant ma ceinture de sécurité.
_ Il est 17h13.
_ Tu déconnes Liam j'espère. T'es pas sérieux.
_ C'est toi qui est pas sérieuse Em ! Bordel a chaque fois c'est la même chose, dès qu'on va a Holmes Chapel tu loupes ton train !
_ C'est pas vrai, pas à chaque fois, me défendis-je -c'était faux, je les loupais systématiquement-
_ Bon, tu prends l'avion avec moi alors.
_ Liam...
_ C'est bon, mais t'as intérêt d'être à l'heure sinon je te tue !
_ Promis, promis ! Je suis là d'ici une demi heure.
_ Je commence à faire le décompte et si t'es pas là, je pars sans toi.
_ Bon eh calmos Papa, t'as fini de crier ?
_ Non. T'es chiante.
_ Moi aussi je t'aime ! raccrochais-je en balançant mon portable sur le siège passager et en démarrant en trombe pour parcourir les quelques rues qui me séparaient de l'appartement des Payne. Si je me dépêchait j'aurais même peut-être le temps de croiser Danielle. Je me précipitais dans les escaliers et du m'y reprendre à deux fois avant de pouvoir ouvrir la porte de l'appartement de Zayn, attraper mon sac de voyage et la refermer aussi sec. Je tombais nez à nez dans la cage d'escalier avec Madame Payne.
_ Salut Danielle, souris-je en lui claquant deux baiser sur ses joues. Ça va ?
_ Et toi Em ? La maison ça avance ?
_ Mouais, avec Louis on va devoir squatter ici encore un moment.
_ Ah, tant mieux en un sens, non ? sourit-elle.
_ Je te retiens pas plus longtemps Dani, Liam m'a dit que tu travaillais, je ne veux pas te mettre en retard.
_ C'est gentil, rit-elle en appelant l'ascenseur. Tous les six ce soir, comme chaque année ?
_ Exactement. La seule tradition qu'on arrive à tenir.
_ Passez une bonne soirée, à très vite ma belle, lança-t-elle en me faisant un signe, et l'ascenseur referma ses portes alors que je lui faisais un signe de la main pour lui dire au revoir.
J'allais frapper à la porte de l'appartement de Liam mais celui-ci ouvrit avant que je ne fasse quoi que ce soit.
_ A qui tu parlais ?
_ Bonjour, moi aussi je vais bien, et toi ?
_ Em !
_ A DANIELLE LIAM. A Danielle, a qui d'autre sérieux ?
_ J'ai cru que c'était une fan qui était rentrée !
_ Votre immeuble perso est surveillé par un gardien H24, limite il y a des tigres à l'entrée. Comment tu veux qu'elles fassent ? Bon, et puis tu me fais rentrer quand ? Je suis punie c'est ça, j'ai pas le droit de déposer mes sacs chez toi avant qu'on parte ?
Il leva les yeux au ciel et m'aida a porter mon bagage.
_ Tu as mis l'écharpe que je t'ai offerte ! s'exclama Liam.
_ Oui il fait frais aujourd'hui un peu. Vive l'été anglais s'il te plaît.
_ Oh eh, fuck off.
_ J'adore cette écharpe.
_ Je sais, c'est pour ça que je te l'ai acheté. Tu ne faisais que d'en parler tout le temps à l'époque.
_ La belle époque...
_ Mais c'est toujours la belle époque, murmura-t-il en m'embrassant le front tendrement.
_ Je déteste vos avions, grommelais-je en sortant de l'appareil, Liam à mes talons.
_ Ce que t'es capricieuse !
_ Les trajets sont trop courts, et je déteste quand on décolle et quand on atterrit. Et du coup c'est rapproché.
Liam soupira et n'eut pas le temps de lever les yeux au ciel car il fut happé par Harry qui lui sautait dessus et moi-même je fus prise dans les bras de mon mari.
_ Tu m'as manqué, soufflais-je en l'embrassant, alors qu'il passait un bras autour de ma taille, m'entraînant à l'intérieur.
Zayn était déjà arrivé et il ne manquait plus que Niall.
_ Alors comme ça on a encore loupé son train Em ? lança l'anglopakistanais
_ Moque toi. Moi j'ai pas loupé une occasion de me taire, tu devrais faire de même, répondis-je en m'asseyant lourdement sur le canapé, croisant les bras.
_ Oh mais on dirait qu'elle est de mauvaise humeur la petite !
_ Ferme la Zay...
_ Bon c'est fini vous deux ? s'esclaffa Louis, se mettant à côté de moi. On s'est pas vu de la semaine, on va pas commencer à se prendre la tête, si ?
_ Non.
_ Bon.
Il sourit et je ne pus m'empêcher de faire de même. Sautes d'humeurs fréquentes. Je vivais avec... et puis ils m'avaient vraiment manqué.
Comme chaque années, on se réunissait chez Harry pour célébrer un an de plus du groupe. Pas la date officielle, pas celle du jour où les juges avaient décidé de nous rassembler mais, le moment où nous nous étions senti devenir un groupe, à savoir ici à Holmes Chapel, chez Harry au beau milieu du mois de juillet. Dans ce bungalow près de cette forêt où nous avions fait les quatre cents coups, où je pouvais encore entendre nos rires en écho. L'écho d'une vie belle que l'on a toujours mené à six, et qu'on continuera de mener jusqu'à la fin.
_ J'ouvre des bières, qui en veut ? lança Harry de la cuisine, le bruit des bouteilles de verres témoignant de ses actes.
_ Prends en pour tous ! dit Niall qui entrait dans la maison en s'essuyant les pieds, et tout le monde vint saluer l'irlandais.
_ Pas moi, dis-je à Harry après avoir fait une bise sur la joue du blond. Je pense plutôt me faire un truc soft genre, une limonade ou une panachée.
_ Petite joueuse, se moqua Louis en buvant une première gorgée.

_ Vous vous souvenez, il y a six ans, à quel point notre vie à changé depuis, murmurais-je, emmitouflée dans une couverture avec Louis, autour d'un feu qui crépitait joyeusement.
_ Il y a six ans, on se rassemblait là pour la première fois, juste tous les six, dit Niall. Six ans c'est rien et pourtant j'ai l'impression que c'était à des années lumières.
_ J'étais le petit caïd, le mauvais mec à cette époque. Le type qui attirait des problèmes, celui qui l'ouvrait trop souvent...
Zayn eut un petit sourire amusé.
_ Et aujourd'hui je me fringue avec des chemises Ralph Loren et des Nike...
_ En fait rien n'a changé, se moqua Liam.
_ Si aucun de nous n'avait fait ces auditions, à votre avis, on serait devenu quoi séparément, demanda Louis.
_ Je serais probablement retourné avec les White Eskimo, dit Harry. On aurait continué nos petits concerts un peu pourris et je suppose que j'aurais continué à travailler dans cette boulangerie, à White Chapel. Et toi Liam ?
_ J'aurais continué les études, j'aurais sûrement retenté ma chance encore une fois mais, sans doute que je serais devenu un prof de sport banal dans un lycée, en jogging bleu canard et avec une montre en plastique. Zayn ?
_ J'en ai aucune idée les gars. Vraiment. Peut-être bien que j'aurais recommencé les conneries, ou alors j'aurais totalement changé de vie, comme ça a été le cas au final. Et toi Niall ?
_ Je serais devenu une groupie de Justin Bieber, je pense. Et j'aurais mangé un tas de nourriture. Lou ?
_ Je pense que j'aurais continué ma petite vie tranquille, entouré des amis. Les études sup, tout ça, et puis je serais probablement devenu prof d'Anglais, un truc dans le genre. Et toi Em ?
_ Je ne sais pas... j'aurais été détruite par Carl et Swann, je pense que j'aurais perdu espoir qu'un jour je puisse être heureuse. Qui sait, peut-être que j'aurais gardé le bébé de Lucas, que je serais devenue une mère célibataire et adolescente. Je me serais battue contre le monde entier seule, et j'aurais sans doute mené une vie un peu bancale, sans jamais plus chercher à accomplir aucun de mes rêves.
Le feu continuait de brûler, et chacun restait silencieux, méditant sur nos dernières phrases. Je me lovais un peu plus contre Louis, glissant ma tête dans le creux de son cou et je sentis qu'il souriait au dessus de moi.
_ Une chance qu'on se soit rencontrés, n'est-ce pas ?
Chacun rit.
La vie est faite d'un tas d'évènements qui se succèdent les uns aux autres, sans être liés, apparemment. Mais quand on regarde en arrière, quand on voit le chemin parcouru, quand on a le recul nécessaire, on se rend compte que chacun de nos actes, chacune de nos paroles ont eu un effet sur notre futur. Nous construisons notre vie par ce que nous sommes, par ce que nous voulons être. On colle à nos choix des étiquettes, on les nomme différemment : destin, sort, providence... car au fond, nous ne croyons pas être capable de construire des choses si belles nous même. Et pourtant...
Je n'ai vraiment aucune idée de comment vous êtes arrivés ici. J'espère que vous allez bien. Moi ?..
Avez vous déjà eu le sentiment d'avoir du bonheur à revendre ? D'être tellement heureuse que c'en est indécent ? Moi oui. Je peux vous l'assurer, cette joie au fond de votre coeur, celle qui brûle et qui produit des milliers d'étincelles le long de votre estomac, au moindre sourire, au moindre rire, je sais ce que c'est. On ne vous cache rien, la vie est faite d'un tas de moments, de tendres moments. C'est beau la vie. Capturez les instants. Gravez-les dans votre mémoire. Ne laissez pas disparaître la beauté d'un rire ou d'un sourire, d'une larme ou d'un cri. Laissez vous envahir par vos émotions. Laissez vous guider par votre instinc, par votre foi. Ne laissez pas les autres dicter vos actes, choisissez la vie que vous voulez mener, et croyez. Croyez en vous. Au bonheur. A l'amour. A l'espoir. A la vie. Vivez-la tant que vous êtes jeunes, tant que ce feu brûle encore, tant que vous sentez cette chaleur dans vos veines, et votre coeur qui bat. C'est le seul conseil que j'oserais vous donner.
Je n'ai aucune idée de comment vous êtes arrivés ici. Et j'espère que vous êtes heureux. Moi ?..
J'eus un sourire, en caressant doucement mon ventre, qui commençait déjà à s'arrondir par la vie que je partageais, par ce corps qui ne m'appartenait plus entièrement.
_ Les garçons, soufflais-je, Louis, il y a quelque chose que je dois vous annoncer.
Moi je n'avais pas peur. Je n'avais plus peur. Après tout, ce n'était que le prochain chapitre de ma vie que je m'apprêtais à écrire.
Visiteur, Posté le samedi 18 juillet 2015 19:00
C'est la deuxième fois que je finis cette fiction, la deuxième fois que je pleure/rie au même moment. C'est rare les fictions qui font vraiment pleurer. Pleurer a devoir faire une pause parce qu'on se sent trop mal pour continuer de lire. Pareil pour les rires ! J'ai du arrêter de lire AT en public parce que les gens me regardaient trop bizarrement ! J'avais peur que le fait de la lire une deuxième fois me fasse moins vivre chaque moment de cette magnifique fiction, mais c'est tellement remplie de vie, d'émotions, qu'on est obligé de la vivre a fond.
Donc voilà tout ça pour dire merci. Merci de m'avoir fait ressentir de la tristesse, de la joie, de la haine, de l'excitation, de l'anticipation et de l'amour. Merci AT (<-- quelle fin original ! ;))